lundi 25 juin 2007

Etre femme dans l'Angleterre victorienne

Tess d'Urberville
Thomas Hardy

Livre de poche, Paris, 1974.



Tess Durbeyfield, jeune fille pauvre de la campagne anglaise, voit sa vie bouleversée par les révélations d’un prêtre. Sa famille descendrait directement de celle des d’Urberville, vieille puissance ruinée. En apprenant cette nouvelle, les parents de Tess décident de l’envoyer chez l’une des dernières branches riches de cette famille, chez Alec d’Urberville et sa vieille mère aveugle. Ils ignorent que ce ne sont que des imposteurs qui ont repris le nom glorieux des d’Urberville. Alec s’avère être un homme sans morale, abusant de la naïveté de Tess et qui la déshonorera pour la vie. Dans cette société puritaine anglaise, la femme n’a droit à aucune faiblesse. Tess doit quitter sa famille et son village. Elle se fait engager dans une laiterie et rencontre Angel Clare …

Quelle belle et touchante histoire! Tess est attachante, bouleversante ; Angel, à la fois parfait et trop humain. Ce livre est un plaidoyer contre les préjugés. Tess passera sa vie à payer une faute qu'elle n'a qu'à moitié commise. Elle souffrira à la limite du possible. Souffrance qui la poussera à l'inimaginable ... La femme de l'Angleterre puritaine n'a que des devoirs ; l'homme a tous les droits. Ce livre nous rappelle cette injustice à chaque ligne. L'ombre d'Alec d'Urberville ne laissera jamais la pauvre Tess en paix. Comme un spectre infernal, sa silhouette apparaît au loin dans la campagne anglaise pour la tourmenter. Outre cette histoire bouleversante, ce livre est d'une poésie magnifique. Les mots chantent. Chaque paysage est parfaitement décrit. Ce roman est une succession de scènes mythiques, de scènes inoubliables, comme celle du cheval, celle du bal de campagne, celle de l'étreinte ... et bien d'autres encore que je vous laisse découvrir.
A lire absolument ...

"La société de volatiles dont Tess avait été nommée surveillante, pourvoyeuse, infirmière, chirurgien et amie, avait pour quartier général une vieille chaumière située dans un ancien jardin, maintenant sabloneux et piétiné. Le lierre envahissait la maison, et ses branches en élargissaient la cheminée, lui donnant l'aspect d'une tour en ruine. Les pièces du bas étaient complétement abandonnées aux oiseaux, qui s'y promenaient d'un air de propriétaires, comme si cet endroit avait été bâti par eux et non par certains tenanciers réduits en poussière qui gisaient maintenant dans le cimetière."

(Tess d'Urberville, Livre de poche (1969), p 74)


(Source de l'image : victorianweb.org)

samedi 16 juin 2007

Petite réflexion

Cyrano de Bergerac sur la 2

... J'ai regardé la pièce. Bien que ce soit mieux en vrai, j'ai eu un véritable plaisir à la revoir! Cette fois j'avais pris mon livre de Rostand et je l'ai lu en écoutant les voix des acteurs ... Juste un mot : grandiose!

dimanche 10 juin 2007

Soyons nous-mêmes!

Le royaume des chats


Film d'animation japonais
Réalisé par Hiroyuki Morita
Hayao Miyazaki n'y a que participé

Plus court et moins bouleversant et grandiose que les autres, mais un dessin animé que j'aime beaucoup. Sa simplicité, sa douceur m'ont beaucoup émue.
Ce film donne envie de profiter de chaque instant.
La fin m'apaise à chaque fois que je la vois. La petite Haru a retrouvé son calme et sait enfin qui elle est.
Un dessin animé plaisant et reposant pour les petits comme pour les grands.

Haru, jeune lycéenne, est maladroite, pleine de doute et manque de confiance en elle. Un jour, alors qu'elle arrive pour là x fois en retard en classe, qu'elle se fait remarquer par le professeur et que toute la classe rit d'elle, elle finit par craquer. Elle n'en peut plus d'être ainsi. En rentrant chez elle à la fin de la journée avec sa meilleure amie, Haru voit un drôle de chat tenant un paquet cadeau dans sa gueule qui traverse la route. Il lâche son colis et un camion roule droit vers lui. Haru n'écoutant que son instinct se précipite et sauve le chat. Tout d'un coup, l'animal se dresse sur ses deux pattes arrières, salue respectueusement Haru et lui parle. Il la remercie et s'enfuit. La nuit même, un défilé de chat avec le roi en tête débarque chez Haru et l'invite au royaume des chats pour la remercier ...
(sources : buta-connection.net)

samedi 9 juin 2007

Vu au théâtre

Le misanthrope
Molière


De la Comédie française
Mise en scène : Lukas Hemleb


Je reviens de la Comédie française où se joue actuellement Le misanthrope de Molière.
Lieu toujours aussi enchanteur, qualité du spectacle toujours remarquable.

Le rideau se lève et laisse entrevoir une pièce. Grande et vide. Elle est entourée de mur transparent, fluide qui nous laisse voir l'entrée prochaine des protagonistes. Deux hommes se regardent. L'un nous tourne le dos. C'est Alceste.
J'ai aimé ces décors simples qui selon la scène et l'humeur des personnages devenaient tantôt clairs ou tantôt sombres. Tout était sobre. Le jeu, les costumes. Il y avait tout ce qu'il faut, là où il faut.
Les acteurs ont été sublimes. Thierry Hancisse qui jouait Alceste m'a bouleversée. J'avais oublié à quel point cette pièce était triste. Triste, oui! Certes Clitandre et Acaste sont tordants. Ils m'ont faite si rire que j'ai cru suffoquer (les deux acteurs étaient parfaitement justes, de vrais précieux ridicules). Mais Le misanthrope est une pièce par moment presque tragique. Quel autre mot employé lorsqu'Alceste comprend qui est réellement la femme qu'il aime?
Une autre scène qui fut jouer à merveille : celle des portraits. Lorsque Célimène dépeint les défauts du grand monde, suivie par Eliante (merveilleuse!) qui crée le portrait des hommes amoureux ne voyant pas les imperfections de leur aimée. Mais le plus merveilleux de tous ... c'est Alceste. Comme je suis d'accord avec lui.

"Non, vous dis-je ; on devrait châtier sans pitié
Ce commerce honteux de semblants d'amitié.
Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre
Le fond de notre coeur dans nos discours se montre;
Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments
Ne se masquent jamais sous de vains compliments."

(Acte1 scène 1)

(Sources image : t-a-b.be)

Jusqu'en haut des cieux ... au bout de mes rêves

Le château dans le ciel

Film d'animation japonais
Réalisé par Hayao Miyazaki


L'un de mes préférés (bien que je les aime tous). Le château dans le ciel est un bijou de poésie. La musique est sublime, l'histoire légendaire et touchante. Cette petite merveille peut ravir petits et grands.
C'est l'un des Miyazaki qui me donne envie de sourire tout le temps, de vivre, de prendre mon temps. C'est un hymne à la vie.
Le personnage de Pazu est fabuleux. Ce petit Gavroche-Oliver Twist va se battre pour sauver l'honneur de son père, mais surtout la jeune fille qu'il aime : Sheeta.
Il y a plusieurs scènes dont je raffole, mais celle qui me ravit le plus le coeur c'est lorsque Pazu s'éveille un matin, regarde le soleil se lever, laisse envoler les tourterelles de son colombier et se met à jouer du clairon dans la lumière de l'aube ...

Une jeune fille est prisonnière d'un dirigeable. En pleine nuit, ce dernier se fait attaquer par des pirates qui eux aussi ont l'air de s'intéresser à la jeune fille. En essayant de se sauver, cette dernière tombe dans le vide. Mais par magie, le pendentif qu'elle porte au cou l'entoure d'une lumière bleue et la fait flotter dans les airs.

Pazu, jeune orphelin, travaille dans la mine avec son patron lorsqu'il voit la jeune fille tombait du ciel. Il la prend dans ses bras et l'installe chez lui. Le matin, chacun des deux petits vagabonds raconte son histoire. Très vite, les pirates et les propriétaires du dirigeable retrouve Sheeta. Pazu fera tout pour la sauver et découvrir Laputa, la légendaire île volante ...

Plaisir du texte

Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté
Petits jardins pleins de fleurs amoureuses
Où sont d'Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon oeil s'est arrêté !
Ô coeur félon, ô rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j'ai coulé de larmes langoureuses,
Santant l'ardeur de mon coeur tourmenté !
Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ces yeux recevez ;
Mais toi, mon coeur, plus les vois s'y complaire,
Plus tu languis, plus en as de souci.
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon oeil être à mon coeur contraire.
Louise Labé

vendredi 8 juin 2007

Chihiro au pays des merveilles

Le voyage de Chihiro


Film d'animation japonais
Réalisé par Hayao Miyazaki


Le second Miyazaki que j'ai découvert. Cette histoire ressemblant étrangement à Alice au pays des merveilles est un bijou. Comme à chaque film, Miyazaki nous entraîne dans un monde fantastique et extraordinaire. On tremble pour la pauvre Chihiro et on s'imagine, comme elle, prisonnière d'un univers inconnu et inquiétant.La fin est magnifiquement belle et poétique. Une oeuvre complexe où beaucoup de symboles sont présents et pas toujours compris par nous, occidentaux. Mais il reste accessible et la beauté de ce film remplace le reste.
(Pour toutes informations sur les films des studio ghibli (analyse, renseignements) : buta-connection.net)


Chihiro est une petite fille capricieuse et énergique. Accompagnée de ses parents, elle file dans la voiture familiale vers sa nouvelle demeure. Son père, pensant prendre la bonne route, sort des sentiers battus et se perd. Ils tombent face à un tunnel. Intrigués, les parents de Chihiro décident d'aller voir sans écouter les appréhensions de leur fille. Ils arrivent dans un parc à thème abandonné au milieu d'un cadre magnifique.
En se promenant, les parents de Chihiro découvrent un restaurant plein de mets étranges et délicieux, mais sans personne pour les servir. Ils s'installent et mangent tout de même pensant payer après.
Chihiro s'éloigne de ses parents. Elle tombe sur un jeune garçon étrange lui criant de fuir avant la tombée de la nuit. Sans rien comprendre, Chihiro s'enfuit dans les rues du parc à thème où des esprits inquiétants s'éveillent à mesure que le soleil tombe. Elle retrouve ses parents toujours attablés. Elle se rend compte qu'ils ont été transformés en cochon.

(sources images : buta-connection.net)

Moment passionné ...

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux. "
Jules Renard - Extrait de son Journal


"Ceux qui brûlent les livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes."
Heinrich Heine


"J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres."
Jean-Paul Sartre - Les mots

"Vous allez tout droit à la solitude. Moi non, j'ai les livres..."
Marguerite Duras

"Ouvre un livre, C'est lui qui t'ouvrira."
Proverbe chinois

"Quand nous lisons ces petites histoires à propos de rien, nous sentons notre horizon s'élargir, notre âme atteindre une étonnante impression de liberté. "
Virginia Woolf

(Source de l'image : askart.com)

Moment passionné ...


Sensation unique ... que d'ouvrir un livre.

(source de l'image : lesiteducid.blogspirit.com)

mardi 5 juin 2007

CD du moment ...



Norah Jones, Feels like home ...

Entre sons jazzy et country, un album magnifique dans la lignée du premier mais avec des nouveauté bien marquées pour notre plus grand bonheur ... Un album a laissé tourner en bruit de fond lors d'un dîner.

dimanche 3 juin 2007

Concert

Festival d'Auvers-sur-Oise - La deuxième nuit du violoncelle


Hier soir, je suis allée dans la magnifique église d'Auvers-sur-Oise pour un concert de violoncelle. Il a été dédié à Rostropovitch ...

Comme c'était beau!
De la musique classique dans une église, il n'y a rien de mieux! Cette sonorité est fantastique. Elle fait vibrer chaque fibre du corps.
Ce que j'ai préféré? La première note. La première fois que le musicien touche les cordes. Un bruit sourd, puissant ... qui semble sortir de nous-même. Je n'ai pu retenir ma larme à entendre et voir tant de beauté ...

Et cette communion qui existe entre le musicien et son instrument ... C'est une osmose, un mystère. Comme ils étaient beaux tous ces musiciens ... Ils bougeaient et respiraient au rythme de leur violoncelle ... Comme une danse ...
Entre les musiciens aussi, un lien que l'on ne peut comprendre existe. Ils connaissent le mystère du violoncelle ...

Comme j'aime cet instrument!

(Source de l'image : meltinglivetv.com)

vendredi 1 juin 2007

Juste une journée ... et tout bascule!

Vingt quatre heures de la vie d'une femme
Stefan Zweig



Livre de poche, Paris, 2006.


Scandale dans une pension de famille comme il faut , sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée...Seul le narrateur tente de comprendre cette créature sans moralité , avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimé chez la fugitive.Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses incontestables réussites.

Comme j'aime les mots de cet auteur! J'ai retrouvé les phrases si bouleversantes que j'avais découvertes, il y a plusieurs années, dans La pitié dangereuse. Zweig envoûte. C'est l'un des écrivains qui est, à mon goût, le plus poéte, le plus sensible. Chacune de ces phrases résonnent au fond de nous! Cette histoire est magnifique. Elle rappelle aux lecteurs du début du XXème siècle que les femmes avaient, elles aussi, des sentiments, de la spontanéité. Elles étaient humaines avant tout. Un coeur de femme est un mystère, un océan inconnu. Mrs C ... est bouleversante de sincérité. Elle est là auprès de nous à nous raconter son histoire. En lisant ce livre, on entend au creux de notre oreille la petite voix de Mrs C ... A moins que ce soit au fond de notre coeur ...

" - Il n'y a que la première parole qui coûte. Je me suis préparée depuis déjà deux jours à être tout à fait claire et véridique : j'espère que j'y réussirai. Peut-être ne comprenez-vous pas encore pourquoi je vous raconte tout cela, à vous qui m'êtes étranger; mais il ne se passe pas une journée, à peine une heure, sans que je pense à cet événement; et vous pouvez en croire la vieille femme que je suis, si je vous dis qu'il est intolérable de rester le regard fixé, sa vie durant, sur un seul point de son existence, d'un seul jour."

(Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, livre de poche, p 36)


(Source de l'image : widow-creek.net (Monet)