dimanche 30 mars 2008

Laissez-moi vous parler de ...


Elizabeth Goudge




J'ai découvert Elizabeth Goudge comme Marion Zimmer Bradley et Pearl Buck. Par hasard. Ce sont les couvertures qui m'ont d'abord interpellée : belles, poétiques, mystérieuses.
Je me suis offerte La vallée qui chante. C'était le plus petit de ceux qui étaient en vente. J'ai adoré ... Ce que j'ai surtout aimé c'est la manière dont Elizabeth Goudge nous fait comprendre que l'imaginaire est partout autour de nous. Elle rend tout magique et mystérieux : les paysages, les personnages, ... Si bien que l'on ne sait pas où se trouve le réel, où se trouve l'imaginaire. Elle mêle les deux pour donner une sensation unique de magie et de poésie.
Depuis, je me suis offerte : Le pays du dauphin vert ; La colline aux gentianes ; La cité des cloches et L'auberge du pélerin. Je ne les ai pas encore lus mais ça ne saurait tarder.

Quelques mots sur l'auteur :
Elizabeth Goudge (24 avril 1900 - 1er avril 1984) est une romancière anglaise. Née en 1900 à Wells dans le Somerset, elle passa son adolescence à Ely, près de Cambridge, où son père fut nommé directeur d’un collège de théologie. En 1923, à Oxford elle se met à l’écriture. Auteure de nombreux romans, de livres pour enfants, et d’une vie romancée de Jésus, elle construit des histoires où se côtoient beauté et merveilleux.



(Sources : anglophilebooks.com ; wikipedia.org)

Et un petit nouveau dans ma bibliothèque



Un petit tour dans une brocante et voilà, le résultat : Sarn de Mary Webb. J'en ai entendu parler avec émotion par certaines lectrices amoureuses de la littérature anglaise du XIXème. J'espère y retrouver l'ambiance magique de Jane Eyre et Les hauts de Hurle-vent ...

samedi 29 mars 2008

Challenge Fashion's Klassik list


Me voilà (tardivement!) avec un nouveau petit (je n'aime pas les grosses contraintes) challenge littéraire proposé par Fashion. Il s'agit de lire 5 romans classiques qu'apprécie tout particulièrement Fashion.
Voilà ses explications :

"Vous vous engagez à lire 5 romans entre le 6 janvier 2008 et le 31 décembre 2008. Pour chaque roman, vous êtes contraints de publier un billet sur votre blog. Vous devez finir chaque roman (l'abandon est disqualifiant).

Voici les titres :
- La chartreuse de Parme de Stendhal.
- Orgueil et Préjugés de Jane Austen.
- De grandes espérances de Charles Dickens.
- Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig.
- Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.

Si vous souhaitez participer mais que vous avez déjà lu un ou plusieurs titres, vous devez en choisir un autre en remplacement dans la bibliographie de l'auteur. Se pose un problème avec Margaret Mitchell, qui n'a publié que ce titre : pour ceux qui souhaitent participer et qui ont déjà lu Autant en emporte le vent, vous le remplacerez par La foire aux vanités de William Thackeray, un autre incontournable klassik... "

J'ai choisi d'échanger De grandes espérances avec Oliver Twist du même auteur ainsi que Lettre d'une inconnue par Marie-Antoinette. En toute honnêteté, ce n'est pas parce que je les ai déjà lu, mais parce que Oliver Twist et Marie-Antoinette sont sur ma PAL et dans ma bibliothéque. Donc c'est plus par économie ... Fashion m'a autorisée cette sélection ...

Donc voilà ma liste définitive :
- La chartreuse de Parme de Stendhal.
- Orgueil et Préjugés de Jane Austen.
- Oliver Twist de Charles Dickens.
- Marie-Antoinette de Stefan Zweig.
- Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.


C'est parti!

jeudi 27 mars 2008

CD du moment ...



Loreena McKennitt The mask and the mirror ...
Entre instruments venus de pays étranges et la voix sortie des landes irlandaises, Loreena McKennitt envoûte. Un plongeon dans les légendes anciennes, dans le pays des druides et des menhirs. Tel un vieux grimoire, elle nous raconte des histoires et des contes d'autrefois.
Différents styles se mêlent dans cet album : des accents orientaux nous envahissent au moment de Marrakesh night market, puis la vague saltimbanque de Santiago nous saisit. Mais dans tous, ces sons fantastiques venus d'Irlande ... ou d'ailleurs ...
Un album à vivre et à ressentir ...


(Source de l'image : dream2music.net)

mardi 18 mars 2008

Comment se faire piéger par l'émotion en 439 pages?

Le Dieu des Petits Riens
Arundhati Roy

Folio, 2007.

Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l'oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir " qui aimer, comment et jusqu'où " ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l'amour d'une mère ?



Cela faisait bien longtemps qu'un roman ne m'avait pas autant remuée.
Ce livre est un piège. J'ai été tout de suite attirée par la quatrième de couverture : littérature asiatique, histoire de famille, secret, ... Je m'attendais à passer un bon moment comme beaucoup de livres de ce genre peuvent présager. Je n'imaginais pas un quart de secondes de ce que pouvait contenir ce livre.
Il a certains romans, quand on les ferme, on a la sensation d'être incapable de reprendre notre vie comme avant. On a envie de rien, on est loin de tout et de tout le monde. C'est ce qui m'est arrivée en fermant ce roman ce matin. Je devais aller travailler. Cela me semblait improbable. Mes collègues m'ont demandée plusieurs fois pourquoi j'avais l'air si triste, pourquoi j'avais ce regard si voilée. Comment leur expliquer que je venais d'être anéantie par l'un des plus bouleversant livre que j'ai pu lire?
Durant toute la lecture du Dieu des Petits Riens, j'ai ressenti la présence d'une boule d'émotion dans la poitrine. Quelque chose d'incontrôlable. Cette histoire m'a chamboullée. Que dire, mon dieu? C'est indescriptible, je n'arrive pas à trouver mes mots.
Effectivement, je pourrai vous dire que ce livre à une construction magistrale. Un roman en forme de puzzle où les pièces s'emboitent pour nous dévoiler progressivement LE drame qui va ébranler nos protagonistes. Un roman où le passé, le présent, le futur se mêlent pour donner au lecteur une sensation d'impuissance face à cette fatalité qui s'annonce. Je pourrai vous dire que chaques visages de ces pages resteront gravés dans mon coeur et ma mémoire longtemps. Qu'ils m'ont tous émue, bouleversée. Je pourrai aussi dire que le message humain que lance Arundhati Roy est l'un des plus beaux que j'ai jamais lu. Je pourrai vous dire ... Je pourrai vous dire ... Je pourrai ...
Mais non ... je préfére me taire. Mes joues sont, au moment où j'écris, trempées de larmes. Je n'arrive pas à me remettre de cette lecture. Je préfére m'arrêter là. Je me suis faite piégée par ce livre ... à vous de vous faire attraper!

"Les jumeaux étaient des lecteurs précoces. Ils avaient déjà avalé "Old Dog Tom", "Janet et John" et épuisé leur manuel "Ronald Ridout". Le soir, Ammu leur lisait "Le livre de la jungle".

"Chi le Milan conduit les pas de la nuit que Mang le Vampire délivre ..."

Le duvet, tout blond dans la clarté de la lampe de chevet, se hérissait sur leurs bras. La voix d'Ammu pouvait se faire rauque comme celle de Shere Khan. Ou plaintive comme celle de Tabaqui."
(Le Dieu des Petits Riens, Folio, page 90)


(Source de l'image : ephemere.midiblogs.com)

lundi 17 mars 2008

Moment passionné ...

La lecture, Renoir

(Source : pedagogite.free.fr)

samedi 15 mars 2008

Des petits livres, des petits livres, encore des petits livres ...

Salon du livre 2008

Je reviens tout juste du Salon du livre qui se tient Porte de Versailles jusqu'au 19 mars.
Cela fait deux fois que j'y vais. L'année dernière, ce fut la découverte. J'étais tout de suite emballée. Des livres partout, des lecteurs passionnées, des écrivains tous les deux pas et une ambiance littéraire à souhait. Un régal! Cette année n'a pas englouti mon enthousiasme. C'est toujours un pur plaisir ...




J'ai entrevu Amélie Nothomb, Guillaume Musso, Marc Lévy, Mireille Calmel, Anna Gavalda, Elsa Zylberstein pour son rôle dans le premier film de Philippe Claudel et bien d'autres.
Ce salon est un véritable plaisir des sens. Des couleurs, des odeurs, des pages. Tout respire les livres. Dur dur de ce fixer un budjet. On achéterait bien tout le salon ... mais monsieur Porte-monnaie n'est pas trop pour.

De cette petite journée littéraire, je ramène tout de même :
- Middlemarch de George Eliot (Les avis de Cuné et de Cécile m'ont emballée ... )
- Marie-Antoinette de Stephan Zweig (Une femme qui m'a toujours beaucoup intriguée et puis, j'adore Zweig)
- Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy (Depuis le temps que je veux me jeter dans cet univers qui a l'air si fabuleux. Merci Michel Tremblay de me l'avoir fait connaître)






Une expérience que je compte bien renouveller ...

(Source del'image : laquinzaine.wordpress.com)

jeudi 13 mars 2008

2 romans lus dans mon défi Le nom de la rose ...


- Un livre avec une couleur dans le titre : Le pays du dauphin vert - Elisabeth Goudge
- Un livre avec un nom d'animal dans le titre : Un crocodile sur un banc de sable - Elizabeth Peters
- Un livre avec un prénom dans le titre : La passion selon Juette - Clara Dupont-Monod
- Un livre avec un nom de lieu géographique dans le titre : Impératrice de Chine - Pearl Buck
- Un livre avec un phénomène météorologique dans le titre : La planète aux vents de folie - Marion Zimmer Bradley
- Un livre avec un nom de plante dans le titre : La colline aux gentianes - Elisabeth Goudge

De la physionomie des momies


Un crocodile sur un banc de sable
Elizabeth Peters
(Défi Le nom de la rose 2008)



Le livre de poche, policier, 2007.


L'indomptable Amelia Peabody, qui fait ici ses premiers pas sur la Terre des Dieux, se laissera-t-elle abuser par les facéties d'une momie somnambule ? Saura-t-elle soustraire sa protégée aux entreprises d'un chasseur de dot cynique et langoureux ? Parviendra-t-elle à déjouer les roueries des indigènes ou à surmonter les mirages des sables et à dissiper les mystères qui jalonnent sa route, en digne émule de Sherlock Holmes et d'Indiana Jones ?



J'ai passé un très très bon moment en compagnie de cette chère Amelia. L'Egypte, l'archéologie, le XIXème siècle, un roman qui réunit beaucoup de choses envoûtantes et intéressantes.
L'intrigue est très bien menée. Entre Agatha Christie, Indiana Jones et (pardon, mais c'est vrai!) le dessin animé Scoubidou, on prend un réel plaisir à suivre toutes les aventures d'Amelia. Paysages désertiques égyptiens, découvertes de momies et autres trésors de l'antiquité, un véritable voyage pour le lecteur. Il faut attendre le premier tiers du roman pour voir apparaître l'énigme à résoudre, mais ce n'est pas pour ça que l'on s'ennuie au début. On fait la connaissance des personnages, on s'habitue à Amelia et à l'Egypte. Tout est bien choisi!
Le personnage d'Amelia est très attachant. Cette anti-conformiste anglaise du XIXème siècle est drôle, passionnée et aventurière. Certes, les personnages ont tendance à être un peu trop caricaturaux, mais sans excés et cela n'entache en rien le plaisir que nous prodigue cette aventure. J'ai adoré les relations d'Amelia et de Radcliffe ... Mais chut! Je vous laisse découvrir tout ça ...
Une histoire à la fois palpitante, émouvante, fantastique, scientifique, ... Beaucoup de genre pour notre plus grand bonheur. Je compte bien poursuivre les aventures de cette détective-égyptologue si particulière.

" - Ma momie! Vous avez volé ma momie. Sacredieu, Peabody, cette fois vous êtes allée trop loin! J'ai observé vos manoeuvres. Vous n'imaginez tout de même pas que je ne m'étais pas rendu compte de vos machinations? Mon dallage, mon expédition, la loyauté de mon frère, rien n'a échappé à vos ingérences - jusqu'à ma pauvre carcasse que vous prétendez régenter! Une véritable furie, un dragon, voilà ce que vous êtes! Mais là, c'en est trop. Vous désapprouvez mon travail et, afin de m'obliger à garder le lit, vous avez enlevé ma momie. Où est-elle?"

(Un crocodile sur un banc de sable, Livre de poche, p 140)



(Source de l'image : yoann.christelle.free.fr)

lundi 10 mars 2008

CD du moment ...


Anne Gastinel Suites de Bach
De magnifiques et passionnants moments attendent l'oreille avide de musique. Etant une amoureuse incontestée du viloncelle, je ne pouvais qu'admirer ce sublime album. Une Anne Gastinel au sommet de son art, un Bach toujours aussi grandiose. Une petite faiblesse pour Suite no. 1 in g major BW 1007 ...

dimanche 9 mars 2008

Profitons des instants simples et gratuits ...

Le patient anglais


Film américain d'Anthony Minghella inspiré du roman L'homme flambé de Michael Ondaatje.

En pleine Seconde guerre mondiale, un homme, voyageant avec une femme, est sauvé des flammes de son avion accidenté par des nomades du Sahara. Remis aux Alliés et gravement brûlé, il est incapable de se souvenir de son identité et est inscrit sous le nom de « patient anglais ». À chaque déplacement du régiment médical canadien qui le soigne, ce patient suit. Arrivé en Toscane en 1944, une des infirmières, Hana, ne supporte plus de voir des amis mourir et obtient de son supérieur le droit de s'installer dans un monastère abandonné pour s'occuper des derniers jours du patient anglais.

Etrangement, ce n'est pas la sublime histoire d'amour de ce film qui m'a le plus séduite. Je n'ai rien contre les histoires sentimentales, j'ai un petit côté romantique que j'assume pleinement, mais il faut que quelque chose d'autre se dégage du récit sinon ça ne m'intéresse pas. Le simple étalage de bons sentiments ne me persuade pas. J'aime Jane Austen car elle travaille en profondeur l'esprit humain, j'aime les soeurs Brontë car leurs histoires sont atypiques, violentes, mystiques. Il y a plus qu'une histoire de coeur.

Ce qui m'a vraiment bouleversée en visionnant ce film et qui fait que je le considére comme un des plus beaux films que j'ai pu voir, c'est un certain amour des instants précieux, une contemplation de la vie, présente même dans l'adversité. J'aime ce livre voyageur de Ralph Fiennes avec ces notes, ces papiers en vrac. J'aime lorsque Kristin Scott Thomas raconte une histoire d'Hérodote au coin du feu. Je frémis durant la scène de la pluie ou des peintures dans la chapelle avec Juliette Binoche. Sans oublier les paysages magnifiques. Le désert. Grande étendue omniprésente et envoûtante. Ce sont ces scènes extraordinaire qui m'ont captivée. Quelle beauté que ces moments précieux et uniques dans ces temps de tourmente ...

Ralph Fiennes est sublime, Kristin Scott Thomas, sensuelle et enivrante. Mais mon coeur va plutôt du côté de Juliette Binoche. Le personnage d'Hana est tout simplement parfait.

(Sources : Wikipedia.org ; ririderevko.skyrock.com ; forum.doctissimo.fr ; cinemovies.f)

samedi 8 mars 2008

Ancienne lecture : Au delà des mots ...

La dame aux camélias
Alexandre Dumas fils



Livre de poche, 2001.



Elle l'aimait, elle en était aimée mais la bienséance et la mort la séparèrent de lui.
Ce roman, dont Alexandre Dumas fils tira aussi un drame, est inspiré de l'existence authentique de Marie Duplessis. Merveilleusement belle et intelligente, cette courtisane fut adorée du Tout-Paris et de l'auteur lui-même. Il dut renoncer à elle, car il n'était pas assez riche. Verdi fit de ce drame un opéra sublime, La Traviata, que Franco Zeffirelli filma avec grand art.
Armand et Marguerite vivent un amour immense, qui survivra à tous les obstacles et à toutes les tromperies. Le père d'Armand interdit cet amour inconvenant. Mais rien n'aura empêché le bonheur d'aimer, la virginité retrouvée, l'argent et les conventions dédaignés. L'amour véritable, c'était pour Marguerite l'espoir, le rêve et le pardon de sa vie. Tout lui fut donné, mais à quel prix !

Lu il y a quelques années, je ne me suis toujours pas remise de ce bijou littéraire. Jamais je n'ai été aussi émue. Poétique, magnifique, parfait. Tous les adjectifs élogieux pourraient y passer.
Ce livre est un poéme, une perle rare. De la littérature à l'état pur.
Après avoir fermé ce roman, j'avais les yeux embués de larmes. Je suis restée, je ne sais combien de minutes, sans bouger, incapable de faire le moindre geste. Je me disais que c'était impossible de reprendre ma vie après avoir lu, après avoir vécu ça. Alors je me suis précipitée sur un autre roman plus drôle, plus léger. Cela m'a sauvée. Jamais encore je n'avais connu cette sensation de, tout comme Armand dans le roman, ne plus jamais pouvoir rire et être heureuse ... Mais ce n'était qu'un livre ... comme disent certains!
C'est si beau ... lisez-le!

"Chaque fois que l'on jouait une pièce nouvelle, on était sûr de l'y voir, avec trois choses qui ne la quittaient jamais, et qui occupaient toujours le devant de sa loge de rez-de-chaussée: sa lorgnette, un sac de bonbons et un bouquet de camélias.
Pendant vingt-cinq jours du mois, les camélias étaient blancs, et pendant cinq ils étaient rouges; on n'a jamais su la raison de cette variété de couleurs, que je signale sans pouvoir l'expliquer, et que les habitués des théâtres où elle allait le plus fréquemment et ses amis avaient remarquée comme moi.
On n'avait jamais vu à Marguerite d'autres fleurs que des camélias. Aussi chez Mme Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux Camélias, et ce surnom lui était resté."

(La dame aux camélias, livre de poche)


(source de l'image : profile.myspace.com)

Petite réflexion




De retour ...
Depuis une semaine, le chant matinal des oiseaux est revenu. Quel pur bonheur! Simple, délicat, gratuit et si merveilleux.
Plaisir de se laisser surprendre à tendre l'oreille et à laisser notre esprit voguer ...
(Source : aube-nature.com)

lundi 3 mars 2008

Le monstre a faim donc il dévore

Au bonheur des dames
Emile Zola

Livre de poche, 2005


Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s'amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu'une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d'enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d'elle le symbole du modernisme et des crises qu'il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.


Ah! Comment expliquer Zola? Prendre un de ses romans, c'est se laisser engloutir dans un univers. Qu'il soit sombre ou attirant, on est absorbé. On glisse sans même lutter. C'est mon sixième Rougon-Macquart (il y a eu La terre, Le rêve, L'assomoir, Nana et La curée) et je ressens toujours cette sensation incroyable d'immersion. Je ne lis pas, je plonge dans ces mondes si particuliers du XIXème siècle que nous offre monsieur Zola.
Au bonheur des dames raconte l'avancée extraordinaire d'un grand magazin parisien. J'ai été partagée entre plusieurs sentiments. De la tristesse tout d'abord en voyant mourir les petits commerces. L'évocation de la lente agonie des petites boutiques entourant le Bonheur des dames est vraiment dure. Mais c'est aussi une sublimissime histoire. Celle de Denise. Elle m'a émue au possible. Denise, jeune fille pauvre sans attrait qui en parallèle du Bonheur des dames grandira, se développera jusqu'au triomphe.
Les mots de Zola sont toujours aussi parfaitement bien choisis, méticuleux. On n'imagine pas, on voit, on sens, on vit. Un pur plaisir. C'est une seconde vie qu'il nous offre avec ses horreurs et ses joies. Après avoir été la malheureuse Renée de La curée, la pure Angélique du Rêve, la bien malchanceuse Françoise dans La terre, la légère Nana et enfin, la pétillante Gervaise de L'assomoir, je suis devenue le temps de 550 pages et 3 jours, la si courageuse Denise. Cette jeune femme si simple et si magnifique qui se sacrifie pour ses frères quitte à vivre l'enfer.

Une magnifique histoire aussi cruelle que belle qu'il faut lire à tout pris ...

" - Servez à quelque chose, au moins ... Mettez ça sur vos épaules.

Denise, frappée au coeur, désespérant de jamais réussir dans la maison, était demeurée immobile, les mais ballantes. On allait la renvoyer sans doute, les enfants seraient sans pain. Le brouhaha de la foule bourdonnait dans sa tête, elle se sentait chanceler, les muscles meurtris d'avoir soulevé des brassées de vêtements, besogne de manoeuvre qu'elle n'avait jamais faite. Pourtant, il lui fallut obéir, elle dut laisser Marguerite draper le manteau sur elle, comme un mannequin."

(Au bonheur des dames, édition France loisirs, p164)


(Source de l'image : universalis.fr)