samedi 24 janvier 2009

Des avantages de la pluie, du froid, du vent et autres situations désagréables ...

Si, par hasard, vous avez regardé la météo ces jours-ci, vous avez pu voir une certaine couleur rouge dans le sud-ouest. Et oui! Le vent a décroché les tuiles du toit de mes voisins, fait valser un pot de fleur de l'immeuble d'en face à un centimétre d'une voiture garée en dessous, a couché les poubelles de toute la ville, ... Sans compter la pluie incessante, la grêle même parfois ... Bref! Que des réjouissances! De plus, bien que la chaîne info rappelle en boucle depuis hier qu'il faut rester chez soi à l'abri, je devais, pauvre de moi, sortir sous ce temps magnifique. Et oui! Triste monde tragique! Bien sûr, avec ce vent, impossible de tenir un parapluie sinon on a vite fait de s'envoler comme Mary Poppins. Donc, voilà Romanza embarquée sous une douche glacée avec pour seule amie une capuche qui, à cause du vent, ne tient pas en place. Plaignez-moi, s'il vous plaît!

Bref! Cette longue description tragique est uniquement là pour révéler ce que j'ai eu le bonheur de faire en rentrant dans mon petit nid. Une chose que je n'avais pas faite depuis une éternité et qui fut un petit instant exquis. J'ai regardé un film de filles qui fait pleurer, enroulée dans un plaid avec un vieux jogging bien confortable, des grosses chaussettes et un bon thé! Aaah!

Le film était Anna et le roi.

Je vous avais dit qu'il s'agissait d'un film de filles. Il n'y a pas à dire ça fait du bien comme même de temps en temps.
Ce film, j'ai du le découvrir durant ma tendre adolescence et j'en garde un souvenir émouvant. Certes, ce n'est pas du cinéma d'auteur ou un film très intellectuel, mais j'avoue, je l'aime bien. Pourquoi?

Parce qu'il parle d'une anglaise recrutée pour enseigner sa langue aux enfants du roi du Siam. Anglaise? Enseigner? Enfant? ça ne vous rappelle rien? Et bien oui son petit côté Jane Eyre me plaît bien. Et puis, il y a aussi l'Asie dont je suis une amoureuse depuis ma plus tendre enfance. Paysages magnifiques, langue, les coutumes, .... Aaah!

Et puis, c'est une magnifique histoire, certes pas crédible, mais belle. Le personnage de Jodie Foster est rebelle et piquante au possible, c'est délicieux!


Bref! Voilà! J'ai pris beaucoup de plaisir à faire ma petit romantique cet après-midi. J'ai eu la sensation de ne penser qu'à moi, rien qu'à moi et ça fait du bien parfois!


Bon, et bien, il n'y a presque plus de vent, je suis totalement réchauffée et j'ai le coeur plein de belles images ... Plus aucune raison pour regarder un bon petit film maintenant! Dommage!

Tiens, si je retournais sous la pluie?

(Sources images : zoom-cinema.fr ; thaipop.fr ; ew.com)


jeudi 22 janvier 2009

Honte à moi ...

J'ai oublié de vous dire que je participais à mon second swap! Je suis ravie! Je prends un énorme plaisir à préparer mon petit colis ... Hum ... Je n'ai qu'une chose à dire : Vive les swaps!
Merci aux organisatrices Fashion et Stéphanie.
Vivement le 14!

(Source image : tsr.blogs.com. Rognage et texte : Romanza)

dimanche 18 janvier 2009

"Je ne veux pas vivre dans un monde sans musique et sans couleurs"

Accès direct à la plage
Jean-Philippe Blondel
Pocket, 2004.


Ce roman prend racine aux quatre coins des côtes françaises. De Capbreton dans les Landes, en 1972, à Arromanches - Calvados - en 2002, en passant par Hyères et Perros-Guirec. Rien ne relierait ses personnages s'ils n'avaient le goût des locations à la mer. Ils se sont croisés dans l'épice particulière des soirs d'été. Les couples, les familles, les célibataires qui nous ont précédés. Ceux d'avant. Ainsi, le lecteur, avec Jean-Philippe Blondel, éprouve-t-il lui aussi le sentiment d'être à la suite de quelqu'un. Il reste une empreinte qui s'attarde. Ici, il y a eu des envies, et puis des bonheurs étrangers, tellement visibles qu'ils ressemblent aux nôtres.

Bon, c'est vrai que ce roman n'est pas le plus gai du monde! On en ressort légérement déprimé, en se disant : "Mais, je ressemble à ça moi aussi?". On a l'impression que tous ces personnages n'ont fait que gâcher leur vie et pourtant .... pourtant, j'ai aimé et j'ai trouvé ce livre très beau. Car même si c'est infime et presque inexistant, il y a un je-ne-sais-quoi d'espoir dans ce roman. Je ne pourrai pas le définir concrétement, mais ces personnages se battent parce qu'au fond de leur coeur existe une petite lueur qui semble ne jamais s'éteindre ... Heureusement, car sinon, cette histoire en demi-teinte serait profondément noire et j'aurai la terrible sensation d'avoir lu un roman catastrophe ...
Ce qui fait surtout la qualité de ce court roman, c'est la construction. L'histoire est découpée en quatre parties, quatre années (1972, 1982, 1992, 2002). Chaque année est divisée en 5. 5 petites histoires que nous racontent les personnages. Ils ne sont pas de la même famille, n'ont pas la même situation sociale, pas les mêmes rêves, mais ils se croisent, se rencontrent, s'observent et même parfois, s'aiment.
Un beau roman ni blanc ni noir, simplement humain qui nous montre, sans jugement, la vie, les gens, leurs histoires. Un roman qui nous prouve que les personnes que l'on croise ne ressemblent pas forcément à ce qu'ils veulent bien nous montrer. Que chacun à ses secrets, ses rêves, ses peines et ses joies ...
A découvrir!
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Les avis de Fashion, Amanda, Caro[line], Cuné, Stéphanie, ...
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"Je ne sais pas trop pourquoi je suis venue ici.
Pour changer.
Quinze ans de côtes landaises, c'était trop.
Je voulais changer d'air.
Surtout cette année.
C'est étrange, toutes ces nouvelles possibilités. Traîner dans les boutiques. Marcher le long de la plage. Aller se promener dans les pins. Se lever et n'avoir que soi à penser.
Parfois, ça me donne le vertige."
(Accès direct à la plage, Pocket, 2004, p43)

(Source image : DEAUVILLE EN ROSE ET BLEU par Michel King. dicart-net.fr)

vendredi 16 janvier 2009

Bonbon littéraire

L'abbaye de Northanger
Jane Austen
Imaginaire Gallimard, 2004.

Alors que vers la fin du XVIIe siècle le roman noir semait ses naïves terreurs dans les foyers anglais, Jane Austen, née en 1775 et qui écrit depuis l'âge de douze ans, ne s'intéresse ni à l'histoire ni à la politique ni aux fantômes. Elle n'a de goût que pour la vie - la vie telle qu'un œil acéré peut en surprendre les manèges dans un salon, voire une salle de bal où les jeunes gens dansent, tandis que leurs parents évaluent rentes et dots. Comme on le voit dans ce roman - le troisième, écrit entre sa vingtième et sa vingt-troisième année, après Le Coeur et la Raison et Orgueil et préjugé - où une jeune provinciale de bonne famille est envoyée à Bath prendre les eaux, pour faire son apprentissage du monde et des intermittences du cœur. Dans ce chef-d'œuvre, qu'elle a remanié en 1815, Jane Austen, sans doute l'un des esprits les plus implacablement satiriques de toute la littérature, traite sa protagoniste non comme une créature de chair et d'os, à l'instar de tous les romanciers, mais bel et bien comme une héroïne de roman égarée au milieu de conjonctures qui, par rapport aux habitudes du genre, la rabaissent aux yeux du lecteur. Et c'est avec une allégresse féroce que Jane Austen nous la montre se comportant, à la moindre occasion, en référence à son livre de chevet, Les Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe, publiés en 1794, juste avant qu'elle ne commence elle-même L'Abbaye de Northanger. Ainsi parodiait-elle le roman gothique et ses candides lecteurs, promis aux mêmes déboires que Don Quichotte intoxiqué par les ouvrages à la gloire de la chevalerie. Et ainsi, du même coup, annonçait-elle et énonçait-elle l'idée qui serait plus tard au cour de la modernité, et selon laquelle la vie finit toujours par imiter l'art.
...
Je suis tout à fait d'accord avec Miss Fashion au sujet des romans de Jane Austen. Elle les appelle, à juste titre, des "romans-doudous" et je me permets de citer l'auteur de cette si remarquable expression car L'abbaye de Northanger rentre parfaitement dans cette catégorie.
Bien que moins impressionnant qu'Orgueil et préjugés ou encore Raison et sentiments, je dois avouer avoir un petit coup de coeur pour celui-là. Son côté "doudou" justement m'a beaucoup séduite, mais aussi sa simplicité, sa douceur (Catherine Morland a tout de même moins de soucis que Marianne Dashwood ou Elisabeth Bennett), ... Tout comme Agnes Grey face à Jane Eyre et Les hauts de Hurle-vent, je sais que L'abbaye de Northanger a nettement moins de qualités qu'Orgueil et préjugés et pourtant, j'ai pris un plaisir subtil et véritable en le lisant. Et puis, la toujours et unique plume si vive et piquante de dame Austen m'a de nouveau ravie.
Piquante, oui et pourtant, délicate. Jane Austen ne brusque pas le lecteur. Tout coule. Je lisais sans me rendre compte des pages qui défilaient, ni du temps qui s'écoulait. C'est doux, c'est frais, léger, drôle (Ah! Les scènes paranoïaques de Catherine dans l'abbaye, ses scènes de lectures et Mr Tilney ... hum!). Bref! ça fait du bien! Certes, j'ai failli plusieurs fois bondir dans le roman pour étrangler Isabella et son imbécile de frère, mais hormis ces quelques accès de rébellion, ce roman m'a ressourcée, réconfortée. Etant dans une période très remplie et assez stressante, L'abbaye de Northanger fut ma petite pause de la soirée, mon anti-stress rien qu'à moi.
Un roman qui se déguste comme un bonbon ... Un roman frais, apaisant, un vrai baume au coeur.
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Les avis de Nebelheim, Malice, Lilly, Cuné, Charlie Bobine, ...
...
"Cette colline me rappelle toujours le pays que traversent Emily et son père dans Les Mystères d'Udolphe. Mais, sans doute ne lisez-vous jamais de romans?
-Pourquoi n'en lirais-je pas?
- Parce que c'est une lecture trop frivole pour vous. Les hommes lisent des livres sérieux.
-Les gens, quel que soit leur sexe, qui ne prennent pas plaisir à la lecture d'un bon roman ne peuvent qu'être d'une stupidité insupportable. J'ai lu tous les livres de Mme Radcliffe, et la plupart avec un grand plaisir. Quand j'ai commencé Les mystères d'Udolphe, je n'ai pas pu m'arrêter. Je me souviens de l'avoir lu en deux jours sans discontinuer, les cheveux dressés sur la tête."
(L'abbaye de Northanger, Gallimard, 2004, p130)


(Source image : mollands.net. Illustration de Northanger Abbey)

jeudi 8 janvier 2009

L'heure a sonné ...

Bonne nouvelle! ça y est, Grominou a publié avec brio sa Méga-liste des plus beaux trésors littéraires de la blogosphère (pour la piqûre de rappel, c'est ici!).
J'ai déjà choisi les quatre trésors que je lirai durant cette année 2009. En voilà les titres :
- Best love Rosie de Nuala O'Faolain. Car j'ai reçu ce sublime livre pour mon dernier anniversaire, que j'adore l'édition et que les éloges pleuvent sur ce roman. (Lu!)
- Le temps où nous chantions de Richard Powers. Car il m'attire depuis trèèèès longtemps et qu'il m'attend depuis un bout de temps dans ma petite bibliothèque. (Lu!)
- Bilbo le Hobbit de Tolkien. Un classique de la fantasy que je n'ai encore jamais lu et qui sera pour moi, un prélude au Seigneur des anneaux que je rêve de lire depuis un bout. (Lu!)
- Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy. Je sens, alors que je n'ai jamais lu ses mots, que Madame Roy et moi allons énormément nous apprécier. J'aime déjà son univers et sa douceur rien qu'en regardant la couverture de ses romans. (Lu!)
Voilà! J'aime beaucoup ma petite sélection (c'est rare d'être satisfait de soi ... j'en profite!)

mercredi 7 janvier 2009

" Une écume que le vent emporte"

L'invitation à la valse
Rosamond Lehmann

Livre de poche, 1966.

Olivia vient de fêter ses 17 printemps. Dans quelques jours, elle fera son entrée dans le monde lors du grand bal donné par les Spencer. Elle a grande hâte. Le jour tant attendu arrive enfin et avec lui, une robe beaucoup trop rouge et mal taillée, une trop belle soeur ainée et des désillusions ...
...
Je vous annonce tout de suite la couleur : ce livre est un petit bijou et il restera bien longtemps un magnifique coup de coeur.
Ce roman s'ouvre sur une délicieuse sérénité. Une petite maison dans un vieux village anglais. Décors, paysages, habitations, odeurs, couleurs. Une entrée poétique qui séduit immédiatement. Beaucoup de douceur, mais surtout, de naturel. Qualificatif qui m'est venue à l'esprit de nombreuses fois durant ma lecture.
Olivia est une jeune femme romantique et rêveuse. Mais pas uniquement. Elle ne rentre pas dans la catégorie "jeune écervellée ne pensant qu'aux bals". Certes, elle y pense. Certes, cela l'inquiéte et l'obséde. Mais Olivia est humaine, vraie, spontanée. Elle trouvera dans ce bal bien plus que sa simple entrée dans le monde. Elle y verra LA vie. La vie avec ses joies, ses peines, ses sacrifices, ses illusions. La vie à l'état brut, nue et franche. En sortant de ce bal, Olivia aura grandi.
La jeune demoiselle d'avant le bal que nous découvrons dans la première partie du roman est jeune et insouciante. Elle aime beaucoup de choses. Elle aime la vie, mais sait-elle réellement pourquoi? Elle qui aime tant lire, qui aime tant courir dans son jardin, qui aime ses fleurs, ne comprendra véritablement la beauté de tout cela qu'après ce bal.
J'ai ressenti énormément d'empathie pour Olivia durant le roman. La scène du balcon avec Rollo Spencer, puis dans la bibliothèque dans les dernières pages m'ont totalement transportée. Je n'étais plus assise sur mon canapé le livre à la main. J'étais Olivia Curtis se disant que finalement, la vie vaut le coup d'être vécue. J'y ai retrouvé la passion des soeurs Brontë, l'amour de la vie de la Comtesse de Ségur et la douceur de Pearl Buck.
Un roman initiatique magnifique qui parle en 250 pages de l'humanité toute entière.
Les avis de Lilly , Fashion et Morwenna ...
...
" Dans un transport de voluptueuse angoisse, et pour la cinquième fois, Olivia lisait David Copperfield. La gorge lui faisait mal. Elle reniflait très fort. Sa mère si belle, si enfantine, il l'avait perdue; elle gisait avec son bébé mort dans ses bras. Peggotty avait transmis à David son dernier message. Et maintenant il était seul au monde, coeur brisé, abandonné, incompris, seul? non, bien pis que cela - pris dans la griffe inexorable des démons. Oh! Ces Murdstone, ces Murdstone ... Horribles souffrances! Et plus cruelles encore par la suite! Peggotty, son dernier, appui, allait lui être arrachée ... Des larmes brûlantes tombaient goutte à goutte sur le jumper d'Olivia, sur son livre. Son nez gonflait. Assez, assez, pas plus loin! Mais il fallait aller plus loin. Il fallait continuer. Elle continua. "
(L'invitation à la valse, Livbre de poche, 1966, p87)


(Source image : allposters.com)

mardi 6 janvier 2009

Juste en passant ...


... Je trouve la nouvelle collection du Livre de poche particulièrement magnifique. Ils rééditent tous les classiques depuis 2008 et c'est un régal! Des pages souples, une bonne odeur, de beaux détails de tableaux en couverture et ces belles bandes blanches ... Bref! Tout pour donner envie de lire ... Par exemple, celle-là que je lorgne depuis un petit bout de temps (fan de Dame Austen ... attention les yeux!):
(Toi, tu arriveras un jour dans ma bibliothèque, tu es prévenu .... enfin, quand je serai un peu plus riche ... hum ...!)

Ils ont eu aussi la brillante idée de rééditer les 7 tomes d'A la recherche du temps perdu de Proust (sachant que le 6ème ne sortira qu'en mai). Je les ai reçus pour Noël et ils sont vraiment ... alléchants. Je pensais les prendre dans la collection Folio (celles avec les différentes cathédrales en couverture), belles mais non renversantes, finalement en voyant la nouvelle collection du livre de poche, j'ai craqué. De beaux tableaux très proustiens qui ne donnent qu'une envie : se précipiter dessus ... Ma grande décision de l'année s'en trouve encore plus confortée ... Un monde dans lequel j'ai hâte de plonger!

voilà ... c'était juste en passant!

Site du Livre de poche

lundi 5 janvier 2009

Pause "Beaux livres" ...

Instants d'oiseaux
Claude Feigné
Offert par l'opération Masse critique
Sud ouest, 2008.


La vie d'un oiseau est constituée de millions d'instants furtifs dont, la plupart du temps, les détails échappent au regard du simple curieux de nature comme à celui de l'observateur assidu. Seuls les instantanés photographiques permettent de fixer la fugacité de ces moments, d'en révéler une dimension esthétique souvent époustouflante, et offrent aussi, par la connaissance des adaptations morphologiques ou des comportements sociaux des oiseaux, une occasion unique d'expliquer ces attitudes capturées par le photographe. C'est à un voyage commenté dans le monde de ces instants trop brefs pour que notre œil les saisisse que cet ouvrage vous convie. Une invitation pour approcher la merveilleuse et secrète intimité des oiseaux...
...
Voilà un très bel ouvrage que les éditions Sud ouest m'ont envoyés dans le cadre de l'opération Masse critique.
Les photographies de ce livre sont tout simplement sublimes et nous renvoient à ce titre si bien choisi : Instants d'oiseaux. Instants volés, partagés, intimes. Instants magiques.
En plus de ces belles photographies réalisées par l'auteur lui-même, le texte qui accompagne l'oeuvre est très pédagogique. Que l'on soit doué en ornithologie ou totalement amateur, chacun y trouve son compte. On apprend, on rêve, on admire, on s'enrichit. Un vrai délice pour les yeux et l'esprit. Sans être passionné d'oiseaux ni de photographie, on se prend à pousser un soupir d'amiration en découvrant certaines pages.
Avec les photographies uniquement, ce livre aurait été sublime. Sans les photographies et seulement avec le texte, il aurait été passionnant. Les deux ensemble font un véritable régal!
Un beau cadeau à faire ...

jeudi 1 janvier 2009

Sur les toits du Caire

L'immeuble Yacoubian
Alaa El Aswany
(Défi Au delà des mots 2008/2009)

Actes Sud, 2006.

Connaissez-vous Alaa El Aswany ?
C'est un véritable phénomène, avec cent mille exemplaires de L'Immeuble Yacoubian vendus en quelques mois, un film en cours de tournage avec une grande mobilisation de moyens et d'acteurs célèbres. Très vite,poussé par la rumeur, le livre s'est répandu dans le monde arabe, a été traduit en anglais, et le voici aujourd'hui en français. L'auteur est un vrai Egyptien, enraciné dans la terre noire du Nil, de la même veine que Naguib Mahfouz. Il pose un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège. Il ne juge pas, mais préfère nous montrer les espoirs puis la révolte de Taha, le jeune islamiste qui rêvait de devenir policier ; l'amertume et le mal de vivre de Hatem, homosexuel dans une société qui lui permet de jouir mais lui interdit le respect de l'amour ; il nous fait partager la nostalgie d'un passé révolu du vieil aristocrate Zaki ; l'affairisme louche mêlé de bigoterie et delubricité d'Azzam ; la dérive de la belle et pauvre Boussaïna, tout cela à l'ombre inquiétante du Grand Homme, de ses polices et de ses sbires de haut vol comme l'apparatchik El-Fawli, et à celle non moins inquiétante d'un islam de combat, qui semble être la seule issue pour une jeunesse à qui l'on n'a laissé aucun autre espoir.
Alaa El Aswany ne cherche pas le scandale. Il nous dit simplement que le roi est nu. Il nous montre ce que chacun peut voir autour de lui mais que seule la littérature rend vraiment visible. Nous comprenons un peu mieux comment va l'Egypte, certes, mais aussi comment va le monde et - peut-être également - pourquoi explosent les bombes...
...
La quatrième de couverture est magnifique (pour une fois) et dit tout ... que rajouter donc?
Je vais tout de même essayer de faire un effort et de vous commenter ce livre avec mes mots.
Ce roman se lit vite, d'une traite. On est englouti par ce style simple et fluide, ces mots durs mais vrais et bouleversants. La vie de cet immeuble est passionnante. On suit, tour à tour, chaque personnage, leurs envies, leurs peurs, leurs rêves. On s'attache à eux et on espère de tout notre coeur qu'ils réussissent à aller jusqu'au bout d'eux-mêmes. Et nous ne sommes pas les seuls. Alaa El Aswany aime ses personnages et il nous le montre. Même ceux qui péchent et blasphèment, même les fautifs et les égarés. Dans un pays où les libertés sont limitées, où le simple métier de vos parents peut vous fermer les portes de tous les emplois de la ville, où une femme est obligée de donner son corps pour espérer un maigre salaire, il est dur de lutter et de rêver.
C'est un roman dur contenant certains passages difficiles mais il n'y a ni voyeurisme, ni violence gratuite. Tout est pesé, chaque propos étudié ce qui rend cette oeuvre intime et personnelle.
Une très très belle surprise que ce beau roman. Une fin à la fois cruelle et douce qui m'a touchée le coeur ...
Je vous le conseille fortement!
...
" - Maintenant, je vais te faire écouter la plus belle voix du monde. Une chanteuse française qui s'appelle Edith Piaf. La plus grande chanteuse de l'histoire de France. Tu en as entendu parler?
- Mais d'abord, je ne comprends pas le français.
Zaki fit un signe pour indiquer que cela n'avait pas d'importance. Il appuya sur le bouton du magnétophone et il en jaillit un air de danse au piano. La voix de Piaf s'éleva chaude, forte et pure. Zaki se mit à remuer la tête en cadence et dit :
- Cette chanson me rappelle des jours heureux.
- Que veulent dire les paroles?
- Elles parlent d'une fille qui est debout au milieu de la foule. Les gens la poussent malgré elle vers quelqu'un qu'elle ne connaît pas et, dès qu'elle le voit, elle se sent attirée par lui. Elle voudrait rester à ses côtés toute sa vie mais, soudain, les gens la poussent loin de lui. A la fin, elle se retrouve seule et l'homme qu'elle a aimé est perdu pour toujours.
- La pauvre!
- Bien sûr, cette chanson est symbolique. Cela veut dire que quelqu'un peut passer toute sa vie à chercher la personne qui lui convient et, au moment où il la trouve, il la perd ... "
(L'immeuble Yacoubian, Actes Sud, 2006, p187)



(Source image : le film L'immeuble Yacoubian. Allocine.fr)