mardi 16 juin 2009

Inch'Allah ....

Au pays
Tahar Ben Jelloun


NRF, Gallimard, 2009.

A quelques mois de la retraite, mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques ; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence. Un matin, il prend la route de son village natal, décidé à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants. Un retour " au pays" qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait.

Je suis un peu sceptique. Certes, c'est un beau roman. Tahar Ben Jelloun a une écriture très simple et poétique qui est agréable à lire. J'ai trouvé l'histoire de Mohamed très touchante. J'ai compris encore mieux la grande difficulté des personnes qui vivent loin de leur pays, de leur racine, de leur histoire. Certains passages m'ont vraiment touchée, même parfois alertée. J'ai compris les questionnements de Mohamed, mais j'ai aussi soutenu le désir d'indépendance et de liberté de ses enfants. Bref! Ce livre est touchant, et assez nécessaire pour comprendre et respecter. Et pourtant, je vais mettre un bémol à cette critique. Comme je l'ai dit, le fond est beau et indispensable, mais par moment, la forme m'a gênée. Alors que ce roman parle des sentiments profond et intime de Mohamed, nous avons l'impression de n'être que spectateur passif, simple lecteur. Il n'y a pas cette petite étincelle qui nous fait rentrer littéralement dans le roman, qui nous fait oublier où et qui nous sommes. Le roman est court, va vite (trop vite) et bien que l'on aime Mohamed, j'ai l'impression qu'il est passé une seconde dans ma vie et que voilà ... pof ... fin de l'histoire! C'est une sensation étrange, car j'ai été pourtant très touché par son histoire. On ne peut pas tout expliquer!!

Un roman à lire tout de même. Je le recommande chaudement malgré tout. Une belle leçon de tolérance et de courage.

"Il avait gardé de son arrivée en France des images encore précises aujourd'hui, des murs gris presque noirs, des visages fermés, une foule dense qui marchait vite et ne disait rien, une odeur étrange de poussière et de mauvais parfum. Des gens de couleur balayaient les rues et les couloirs du métro. Des gens riches, d'autres apparemment moins riches mais tous dans des voitures presque neuves. De grands panneaux publicitaires exhibant des femmes peu vêtues, sur d'autres des animaux vantant la qualité de machines à laver le linge. Il ne comprenaient pas ce que venaient faire ici des chiens et des chats."

(Au pays, Tahar Ben Jelloun, NRF, p111)(Source image : routard.com)

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