dimanche 26 septembre 2010

L'automne est là!

Je vous souhaite un bel automne!


Un automne lové dans un plaid, un bon thé à la main, un roman passionnant dans l'autre. Pendant que la pluie bat les carreaux et que le vent souffle dehors, je vous souhaite des heures de lectures douillettes.
Un automne pour faire des pâtisseries, des soupes, aller aux châtaignes, aux champignons, pour laisser le froid vous piquer les joues et avoir le plaisir de rentrer chez soi au chaud.

(Source image :mazel-livres.blogspot.com. La lectrice de Marcel Rieder)

jeudi 9 septembre 2010

" Bientôt, elle serait capable de commencer à penser : "Ensuite?" "

Poussière
Rosamond Lehmann
Livre de poche, 1972.


18 ans, au ledemain de la Première Guerre mondiale, Judith Earle, une jeune fille de bonne famille du sud de l'Angleterre, assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu'elle a idôlatrés tout au long de son enfance solitaire. Dans une mosaïque faisant alterner passé et présent, Judith se souvient de leurs jeux, et des fantasmes induits par ces jeunes garçons qui revêtaient pour elle un caractère quasi mythique tant ils étaient beaux, socialement doués, à l'aise en toutes circonstances, ... Tous ont grandi, et elle revoit chacun identique et différent de l'enfant qu'il fut. Mais la magie de l'enfance n'est-elle pas déjà devenue poussière?
(Quatrième de couverture de l'édition Phébus, 2009.)


Je viens de passer de douces et agréables heures avec Poussière. J'avais découvert la plume de Rosamond Lehmann (auteur oubliée mais heureusement remise au goût du jour par les excellentes éditions Phébus) avec le merveilleux L'invitation à la valse.

On embarque dans Poussière dès les premiers mots. La maison de Judith, la nature, le lac, le jardin, tout dans ce roman pousse à la poésie, à la rêverie. Le début et le milieu du roman (les 3 premières parties) m'ont totalement emballée. Même si le roman entier est une réussite, les deux dernières parties m'ont moins séduite.

Les 3 premières parties du roman évoque l'enfance de Judith (passages nostalgiques, poétiques et sensibles), les retrouvailles avec ses voisins (très émouvantes) et enfin, ses études de littérature anglaise à Cambridge (superbes!). Ce sont ces moments là qui m'ont le plus envoûtée. Les descriptions de la nature, la vie d'étudiante dans les années 20, la scène de patinage sur le lac gelé (Aaah!!), la fascination de Judith pour ces voisins, cette histoire de maison qui revit après plusieurs années, ce fut un coup de coeur, un régal. Les premières pages sont réellement magiques. Rosamond Lehmann nous dresse le portrait de chaque personnage si merveilleusement que l'on finit par les connaître et les voir. Même si ces voisins sont parfois étranges, on finit, nous aussi, par les aimer. Judith a une façon de regarder et d'écouter les gens qui nous la rend tout de suite attachante.
En lisant les premiers mots de Poussière, j'avais la conviction d'assister à un coup de foudre littéraire. Cette idée m'est restée très longtemps durant la lecture, mais certains passages se situant après les études de Judith à Cambridge (4ème partie) ne m'ont pas emballée à 100% (seulement à 90). J'ai trouvé trop lourd ce huis-clos amoureux qui tournait à la fin un peu en rond. Ceux qui lisent cet avis doivent se dire qu'il s'agit d'un vulgaire roman à l'eau de rose. Je crie que NON! C'est un véritable petit bijou. Je sais que ces confrontations amoureuses entre Judith et ces voisins sont là pour nous montrer qu'elle n'a pas encore tourné la page de son enfance, qu'elle s'y accroche ... jusqu'à s'enliser! Mais j'ai juste trouvé un peu gros que tous ces personnages s'enferment entre eux, s'aiment entre eux, se haïssent entre eux. C'est vrai qu'il fallait bien comprendre que ce n'est que lorsqu'ils se sépareront qu'ils pourront enfin vivre (essayer en tout cas), mais ce n'était pas utile d'en mettre autant. Donc, un léger ralentissement en fin de roman ... Ou plutôt en 4ème partie, car la 5ème (et dernière) partie est, quant à elle, plutôt réussie.

J'ai retrouvé ce ton nostalgique, humble, profondément humain de L'invitation à la valse. Cette douceur, cette mélancolie propre à la plume de Rosamond Lehmann. Et j'ai adoré! J'ai réellement dégusté ce roman. J'ai pris le temps de le lire, de le savourer. Le temps doux de ces derniers jours fut un allié de choix pour apprécier ces heures de lecture.

Malgré le bémol de la 4ème et avant-dernière partie, j'ai adoré ce roman. Surtout ces premiers chapitres où je suis littéralement tombée amoureuse de cette ambiance, de cette douceur, de ces paysages, de cette plume ... Un roman qu'il faut, tout comme L'invitation à la valse, lire absolument. Quant à moi, j'ai Le jour enseveli de Rosamond Lehmann qui m'attend encore dans ma bibliothèque.

" Alors elle vit que le ciel se fleurissait des teintes du soir. Au-dessous des nuages rougissants, le soleil apparut, toutes les cimes des arbres s'allumèrent et leur masse confuse, mouvante et balancée, baigna dans un flot d'or assombri. De l'autre sôté de la rivière, les champs étaient somptueux et rêveurs, saturés de lumière, coupés de longues ombres violettes. L'eau courait d'une course un peu folle, jonchée de paillettes ardentes, semée d'opales enflammées. Pourtant tout s'adoucissait, s'apaisait; les nuages se rassemblaient dans le lointain, le vent tombait; le soir allait être aussi calme, aussi fixe que la mort. "

(Poussière, livre de poche, 1972, p37)

(Source image : aqui.fr)

dimanche 5 septembre 2010

Les nouveaux arrivants!

Oooh! Les beaux cadeaux!

Romanza 2010

Un petit tour à la bouquinerie et les deux tomes de David Copperfield finissent chez moi, un anniversaire est La danseuse d'Izu, Le jour enseveli, L'amour au temps du choléra et les nouvelles de Somerset Maugham me tombent dans les bras et enfin, un cadeau imprévu de Romanzo (L'arche dans la tempête) prend sa place dans ma bibliothèque à côté de mes autres Elisabeth Goudge.
Elle est pas belle la vie??

vendredi 3 septembre 2010

Oyez! Oyez! Le roi Arthur recrute!

Le conte du Graal
Chrétien de Troyes

Livre de poche, Lettres gothiques, 1990.

Voici l'oeuvre dernière, restée inachevée, du grand romancier d'aventure et d'amour qu'est Chrétien de Troyes. Paradoxe d'une mort féconde. Enigme demeurée intacte. Oeuvre riche de toutes les traditions : biblique et augustinienne, antique et rhétorique, celtique et féerique. Est-ce un roman d'éducation ou le mystère d'une initiation? Brille-t-il par le cristal de sa langue ou par la merveille d'une femme?

J'ai réellement fait la connaissance de Chrétien de Troyes en cours d'ancien français à l'université. Je devais lire et étudier Yvain ou Le chevalier au lion. J'avais énormément aimé me plonger dans les premiers textes racontant la légende des chevaliers de la table ronde (légende qui m'a toujours fascinée). J'ai donc renouvellé l'expérience en me plogeant dans Perceval ou Le conte du Graal.
Je ne voulais pas une autre collection que Les lettres gothiques (bilingue). Je pouvais ainsi me replonger (un peu) dans l'ancien français. Mais c'est surtout la traduction en français moderne que j'aime dans cette édition. Elle garde le ton désuet de la version originale, ainsi que l'écriture en vers. Je ne voulais pas d'une version trop moderne. Donc un conseil, si vous voulez lire Chrétien de Troyes, procurez-vous cette collection.
J'aime Chrétien de Troyes. Je me vois au coin du feu dans une obscure salle médiévale en train d'écouter un troubadour contant de vieilles légendes. C'est léger, facile à lire, plein de rebondissements, délicieusement démodé et pourtant délicatement moderne. On se plonge dans les aventures de ces incroyables héros, on les suit dans les forêts enchantées à la rencontre de fées et de magiciens ... Un beau voyage! On nous conte l'amour, la haine, la violence, l'amitié, l'entraide, la valeur, le courage, ... J'ai aimé faire la connaissance de ce naïf Perceval qui se transforme petit à petit en valeureux chevalier. Ce roman, étant inachevé, se termine brusquement et c'est très frustrant. J'ai préféré tout de même Yvain ou Le chevalier au lion. Plus construit, plus passionnant, moins répétitif et brouillon. J'ai aimé Le conte du Graal, mais son aspect "pas fini" se ressent. Je conseille Yvain ou Le chevalier au lion a ceux qui veulent découvrir Chrétien de Troyes.
Autre aspect de l'oeuvre de Chrétien de Troyes que j'aime particulièrement, son ironie, son humour. Cet auteur est très drôle. Je me souviens de scènes dans Yvain où Chrétien de Troyes désacralise totalement les chevaliers de la table ronde et le roi Arthur en se moquant d'eux.
Si vous aimez les lectures efficaces ressemblant à d'anciens contes lus au coin du feu, si vous aimez les vieilles légendes et les histoires de preux chevaliers, Chrétien de Troyes est fait pour vous.
...
" C'était au temps où les arbres fleurissent,
les bois se feuillent, les prés verdissent,
où les oiseaux dans leur latin
avec douceur chante au matin,
et où toute chose s'enflamme de joie:
le fils de la Veuve Dame
de la Déserte Forêt perdue
se leva et de bon coeur
sella son cheval de chasse,
se saisit de trois javelots
et sortit ainsi du manoir de sa mère
en se disant qu'il irait voir
les herseurs qui pour sa mère
hersaient les avoines,
avec leurs douze boeufs et leurs six herses. "
(Chrétien de Troyes, Le conte du Graal, Livre de poche, Lettres gothiques, p 31)

(Source image : ac-reims.fr)