samedi 13 avril 2013

" L'homme ne sait pas vivre dans le présent "

Le poids du papillon
Erri de Luca

 Folio, 2012.

Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D’une taille et d’une puissance exceptionnelles, l’animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la Révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé malgré son extrême agilité d’alpiniste, ce chamois à l’allure majestueuse. Et puis, face à ces deux forces, il y a la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, cette «plume ajoutée au poids des ans». Le poids du papillon, récit insolite d’un duel entre l’homme et l’animal, nous offre une épure poétique d’une très grande beauté. Erri De Luca condense ici sa vision de l’homme et de la nature, nous parle de la montagne, de la solitude et du désir pour affirmer plus que jamais son talent de conteur, hors du temps et indifférent à toutes les modes littéraires.

Un ami m'a offert ce roman d'Erri de Luca, auteur italien que je ne connaissais pas, en me présentant sa plume comme très poétique et symbolique. Après lecture, je ne peux que confirmer, Erri de Luca est un auteur d'une grande finesse. Il s'agit vraiment ici de poésie en prose. Dans la lignée de Moby Dick ou Le vieil homme et la mer, Le poids du papillon nous conte la quête d'un homme désirant, avant de mourir, tuer le roi des chamois. Quant à ce dernier, sentant sa fin proche, il est prêt à quitter son troupeau. J'ai lu ce petit texte de façon assez détachée. C'est beau, c'est bien écrit, la fin m'a particulièrement séduite, mais je ne peux pas dire pour autant que je garderai un souvenir cuisant de ce texte. C'est une lecture à vivre au présent. Je ne pense pas qu'il me restera grand chose de ce texte dans quelques temps. Même s'il est plein de qualités, qu'il fut agréable à lire et que se perdre de temps en temps dans un roman (conte? nouvelle?) d'Erri de Luca pour sa douceur et sa poésie est tentant. 
Je dois reconnaître tout de même que la fin m'a marquée. J'ai été surprise, je ne m'attendais pas à ça. J'ai trouvé ce final très beau et prenant. Un joli message. 
Je le conseille à ceux qui aiment les textes très poétiques et reposants.

" Pour l'homme aussi, le temps de la chasse devait cesser. Dans la nature, la tristesse n'existe pas, l'homme écartait la sienne en pensant que le roi des chamois était en train de mourir lui aussi quelque part sans un souffle de tristesse, sa fierté intacte. L'homme essayait d'être capable. Un hiver, il mourrait lui aussi de faim et de froid, sans arriver à allumer un feu. C'était une bonne fin pour les solitaires, une fin de bougie. "
(Le poids du papillon, Erri de Luca, Folio, 2012, p 61)

(Source image : arnaud-freminet)

2 commentaires:

La Lyre a dit…

Un vieux, la montagne, des animaux, la solitude...ça m'a tout l'air d'un roman qui saurait me plaire ça! Je note!

Dominique a dit…

j'aime assez Erri de Luca c'est un auteur sensible