dimanche 28 juillet 2013

Que dire?

Rocher de Brighton
Graham Greene
Matilda's contest

 Robert Laffont, Pavillons poche, 2009.


Pinkie Brown, redoutable petite frappe de dix-sept ans, tourmenté, sexuellement inhibé et déjà mégalomane, veut venger le meurtre de Kite, son chef de gang et, par la même occasion, s'imposer comme leader.

Fred Hale, journaliste au Daily Messenger, soupçonné par Pinkie d'avoir assassiné Kite, séduit Ida Arnold dans un bar pour ne pas se retrouver seul face au dangereux gangster. Alors qu'elle s'éloigne de lui un court instant, il disparaît. Lorsque la police découvre le cadavre de Fred Hale et conclut à une crise cardiaque, Ida, mondaine épanouie et pleine d'humanité, craint qu'il y ait anguille sous roche et décide de mener son enquête.
À cause de la maladresse d'un de ses complices, Pinkie a peur d'être dénoncé par Rose, jeune serveuse malheureuse et sans grâce. Celle-ci tombe facilement sous le charme envoûtant de l'odieux assassin qui l'épouse pour qu'elle ne puisse jamais témoigner contre lui. 
C'est une course contre la montre qui a commencé pour Ida dont le seul but sera de rétablir la vérité et de stopper les agissements meurtriers de Pinkie.
Rocher de Brighton commence comme un polar au charme désuet mais se transforme vite en un roman plus ambitieux et ambigu sur le Bien et le Mal.

(présentation d'Amazon.fr)

J'ai souffert. J'ai failli arrêter ma lecture ... ce qui ne m'arrive jamais. Pourtant, j'ai tenu. Non par goût de l'auto flagellation, ni par fierté, mais parce que je savais au fond de moi que ce que je lisais le méritait. Graham Greene m'a torturé, je suis heureuse d'avoir fini ce roman, contente de passer à autre chose ... et pourtant, je dois reconnaître que ce roman a des qualités indéniables. Il ne fait pas parti de ces livres que l'on rejette entièrement, qui nous révoltent, où l'on se demande même comment quelqu'un a pu écrire ça. Non. Rocher de Brighton est complexe, exigeant, froid, noir, bavard, moralisateur ... mais, je pense, qu'il mérite d'être lu
Mon manque d'enthousiasme pour ce roman vient en grande partie que tous les personnages sont insupportables. Ida, Rose, le Gamin, ... Je n'ai pu ressentir aucune compassion, aucun intérêt pour ces êtres égoïstes, froids, tellement particuliers qu'on ne peut pas s'y attacher. Quant à l'intrigue, elle ne m'a pas passionnée. Le roman commence comme un thriller puis part vers une fable moraliste sur le Bien et le mal. C'est intéressant, mais franchement pas passionnant. Grahame Greene a une plume non dénuée d'intérêt, particulière et unique, mais qui n'a pas su me toucher. Certaines scènes sont prenantes, mais l'ensemble du roman est long, froid et distant
En fait, ce roman serait un film parfait. D'ailleurs deux adaptations ont été réalisées. Une en 1946 et une seconde en 2010. J'aimerai vraiment les voir. Ce roman est fait pour le cinéma. En film, il doit être superbe. Les malfrats, la course poursuite du début, les dialogues, .... Rocher de Brighton est un scénario parfait pour un film noir à la Hitchcock. Le roman est une succession de scènes de cinéma. 
Je ne vous dirai pas de passer votre chemin, mais je ne peux pas non plus vous conseiller de lire ce classique de la littérature anglaise. C'est un roman particulier qui n'a pas su me toucher, bien écrit mais trop sombre et d'un ton trop distant. J'étais heureuse de le terminer et j'ai hâte d'ouvrir quelque chose de plus doux et poétique. Pourtant certaines images me hantent encore .... Une chose est sûre, c'est une lecture qui ne laisse pas indifférent ... 

Le monde allait voir de quoi il était capable. Ils croyaient que parce qu’il n’avait que dix-sept ans… Il rejeta ses étroites épaules en arrière, en se rappelant qu’il avait tué un homme et que ces poulets qui se croyaient si malins ne l’avaient pas été assez pour le découvrir. Il traînait derrière lui les nuées de sa propre gloire : depuis le berceau, l’enfer l’entourait. Il était prêt pour d’autres morts."
(Rocher de Brighton, G. Greene, Robert Laffont, 2009)

(Source image : Brighton rock (1947). thefilmpilgrim.com)

vendredi 19 juillet 2013

ça ne peut pas marcher à tous les coups!

Petit déjeuner chez Tiffany (et autres nouvelles)
Truman Capote

Livre de poche, 1968.

Le narrateur, anonyme pendant l'essentiel du récit, se remémore en compagnie du barman Joe Bell de leur ancienne connaissance commune, Holly Golightly, dont ils croient reconnaître la représentation en une statuette portée par un noir d'Afrique, sur quelques photographies transmise par un certain M. Yunioshi.
Le narrateur, Holly et Yunioshi furent tous trois voisins, quelques années plus tôt. Holly Golightly est alors une call-girl qui dérange ses voisins à toute heure, par ses fêtes interminables, ou bien en rentrant au petit matin accompagnée de clients. Alors que le photographe japonais s'en plaint, le narrateur, jeune écrivain dont la carrière ne décolle pas, se lie d'amitié avec Holly. (wikipedia.org)
Cette édition contient également trois autres nouvelles : La maison de fleurs, La guitare de diamants et Un souvenir de Noël

Bon ... autant dire que ma première rencontre avec Truman Capote ne s'est pas passée comme prévu. On ne s'est pas toujours compris et je me suis parfois un peu ennuyée à la lecture des quatre nouvelles que contient mon édition. L'ensemble possède de vraies qualités, mais la plume de Capote m'a laissé parfois perplexe.
Petit déjeuner chez Tiffany nous offre, je dois le reconnaître, un joli portrait de femme. Holly est un personnage qui m'a énormément intrigué. Parfois énervante, à d'autres moments, troublante ou encore touchante, j'ai aimé cet être complexe et plein de mystère. Mais l'intrigue ne m'a pas captivé. Je ne m'attendais pas à ça. J'ai toujours pensé que Petit déjeuner chez Tiffany était une critique drôle de la bourgeoisie new-yorkaise. Le sujet m'a donc un peu étonné. Et puis, le tout est assez inégal. Certains passages sont très beaux et prenant (le passé de Holly ou la scène final avec le chat), d'autres m'ont laissé totalement indifférente. Aimant de plus en plus la littérature américaine, je suis un peu triste d'être passée à côté d'une oeuvre qui m'attirait pourtant beaucoup. 
La seconde nouvelle, La maison de fleurs, m'a par contre beaucoup plu. C'est une histoire assez dure et cruelle, mais qui m'a captivée. Le vieille Bonaparte et son regard inquiétant me hante encore. 
La guitare de diamants raconte la passion d'un vieux prisonnier pour un nouveau détenu. La nouvelle est intéressante et non dénuée d'émotions, mais tout comme Petit déjeuner chez Tiffany, elle n'a pas su retenir mon attention tout le temps de la lecture. Même constat pour Un souvenir de Noël
Bref, avis assez mitigé pour l'ensemble de ces nouvelles de Truman Capote. Il y a du bon, c'est sûr, mais la plume de l'auteur, ainsi que ses intrigues, n'ont pas su assez me captiver.
Peut-être vais-je retenter l'expérience avec De sang froid ... oeuvre phare de Capote. 

«J'avais été au cinéma, j'étais rentré et je m'étais mis au lit avec un grog au rhum et le dernier Simenon. C'était tellement mon idée d'une soirée confortable que je ne parvenais pas à comprendre le sentiment de malaise qui s'amplifia en moi au point que je pouvais entendre les battements de mon cœur... Le sentiment que l'on m'épiait. Que quelqu'un était dans la chambre. Puis il y eut une succession de coups secs sur la vitre, une apparition d'un gris spectral. Je renversai le grog. Il me fallut un certain temps avant que je me décide à ouvrir la fenêtre et à demander à Miss Golightly ce qu'elle voulait.»
(Petit déjeuner chez Tiffany, Truman Capote, Livre de poche, 1968, p 20)


(Source  image : dianmarg.centerblog.net)

dimanche 14 juillet 2013

" Les gens que l'on aime devraient mourir avec toutes leurs affaires."

 L'amour au temps du choléra
Gabriel Garcia Marquez

Livre de poche, 2010.

A la fin du XIXe siècle, dans une petite ville des Caraïbes, un jeune télégraphiste pauvre et une ravissante écolière jurent de se marier et de vivre un amour éternel. Durant trois ans, ils ne vivent que l'un pour l'autre, mais Fermina épouse Juvenal Urbino, un jeune et brillant médecin. Alors Florentino, l'amoureux trahi, se mue en séducteur impénitent et s'efforce de se faire un nom et une fortune pour mériter celle qu'il ne cessera d'aimer, en secret, cinquante années durant, jusqu'au jour où l'amour triomphera. L'auteur de Cent Ans de solitude et de Chronique d'une mort annoncée, prix Nobel 1982, donne libre cours dans ce roman à son génie de conteur, à la richesse de son imagination et à l'enchantement baroque de son écriture.

Parfois, lorsqu'on ouvre un roman, il s'accorde tellement bien avec l'ambiance qui nous entoure ou avec notre état d'esprit ... que l'on sait que le moment parfait pour l'ouvrir c'est maintenant ... et à aucun autre instant. L'amour au temps du choléra s'est parfaitement accordé parfaitement à la chaleur de cette semaine. La moiteur des Caraïbes résonnait avec celle, bien réelle, de mes instants de lecture. La poussière des rues, la sueur des dos, la fraîcheur des arbres, les parfums enivrants ... ou écœurants ... Je n'aurai pu trouver meilleure période pour ouvrir ce roman
Je n'ai lu Gabriel Garcia Marquez qu'une fois avec Cent ans de solitude, son roman le plus célèbre. Alors oui, je m'étais perdue dans les générations interminables de personnages, dans les noms compliqués et j'ai du prendre en note plusieurs choses pour continuer à suivre le fil du récit. Mais j'avais été également totalement conquise par ce "réalisme magique" tant réputé chez G G Marquez, ce mélange de profond désespoir et de petits riens de la vie qui la rendent unique, belle, merveilleuse. Les pointes d'humour complètement surréalistes de Garcia Marquez sont, selon moi, les premières qualités de ses romans. Tout comme dans Cent ans de solitude, j'ai croisé dans L'amour au temps du choléra des situations loufoques, des morts insolites, des anecdotes poétiques dignes d'un Boris Vian. Et c'est ça qui fait la force de ce texte. 
J'ai été touchée par les histoires d'amour (oui, il y en a plusieurs) de ce roman, les questionnements sur la vie conjugale, les choix que l'on fait. L'amour au temps du choléra parle d'humanité, parle du coeur des hommes et de leur complexité. Par contre, je ne me suis pas attachée aux personnages. Fermina m'a agacée, j'ai trouvé Florentino assez déséquilibré et malsain dans les dernières pages. Seul le docteur Urbino échappe un peu à ce jugement sévère. Il est assez touchant ... sans non plus m'avoir totalement conquise. J'avais éprouvé le même sentiment à la lecture de Cent ans de solitude, Garcia Marquez ne cherche pas à nous faire aimer ses personnages. J'aime pourtant m'identifier à eux lorsque je lis, c'est essentiel pour moi. Mais chez G G Marquez, je ne sais pas pourquoi, ça ne m'embête pas outre mesure. Plus que l'histoire de trois personnages, G G Marquez traite de l'Homme. Et surtout, il nous fait plonger dans un univers. Je retiens surtout ça de ma lecture : la chaleur des Caraïbes, les rues de cette ville inconnue, le choléra et ses victimes, Florentino sur son banc, l'odeur d'une fleur, le son d'un violon.
Une belle lecture. Des pages à dévorer sous un soleil de plomb. Une lecture estivale.
100 dernières pages un peu longues, des personnages peu attachants, mais une écriture poétique, des traits d'humour totalement loufoques, des interrogations sur l'être humain et ses doutes, une atmosphère vivante, prenante, absorbante ... A découvrir! 


" Des questions insidieuses adressées à lui d’abord puis à sa mère suffirent au médecin pour constater une fois de plus que les symptômes de l’amour sont identiques à ceux du choléra. Il prescrit des infusions de fleurs de tilleul pour calmer ses nerfs et suggéra un changement d’air afin qu’il pût trouver un réconfort dans la distance, mais ce à quoi aspirait Florentino Ariza était tout le contraire : Jouir de son martyre. Transito Ariza était une quarteronne libre, avec un instinct de bonheur gâché par la pauvreté, et elle se complaisait dans les souffrances de son fils comme si elles eussent été siennes. Elle lui disait boire des infusions lorsqu’elle le sentait délirer et l’enveloppait dans des couvertures de laine pour l’empêcher de trembler en même temps qu’elle l’encourageait à se délecter de sa prostration. « Profite de ce que tu es jeune pour souffrir autant que tu peux, lui disait-elle, ça ne durera pas toute la vie.» "
(L'amour au temps du choléra, GG Marquez, Livre de poche, 2010)


(Source image : charles-sillem. encore-editions.com)