dimanche 14 juillet 2013

" Les gens que l'on aime devraient mourir avec toutes leurs affaires."

 L'amour au temps du choléra
Gabriel Garcia Marquez

Livre de poche, 2010.

A la fin du XIXe siècle, dans une petite ville des Caraïbes, un jeune télégraphiste pauvre et une ravissante écolière jurent de se marier et de vivre un amour éternel. Durant trois ans, ils ne vivent que l'un pour l'autre, mais Fermina épouse Juvenal Urbino, un jeune et brillant médecin. Alors Florentino, l'amoureux trahi, se mue en séducteur impénitent et s'efforce de se faire un nom et une fortune pour mériter celle qu'il ne cessera d'aimer, en secret, cinquante années durant, jusqu'au jour où l'amour triomphera. L'auteur de Cent Ans de solitude et de Chronique d'une mort annoncée, prix Nobel 1982, donne libre cours dans ce roman à son génie de conteur, à la richesse de son imagination et à l'enchantement baroque de son écriture.

Parfois, lorsqu'on ouvre un roman, il s'accorde tellement bien avec l'ambiance qui nous entoure ou avec notre état d'esprit ... que l'on sait que le moment parfait pour l'ouvrir c'est maintenant ... et à aucun autre instant. L'amour au temps du choléra s'est parfaitement accordé parfaitement à la chaleur de cette semaine. La moiteur des Caraïbes résonnait avec celle, bien réelle, de mes instants de lecture. La poussière des rues, la sueur des dos, la fraîcheur des arbres, les parfums enivrants ... ou écœurants ... Je n'aurai pu trouver meilleure période pour ouvrir ce roman
Je n'ai lu Gabriel Garcia Marquez qu'une fois avec Cent ans de solitude, son roman le plus célèbre. Alors oui, je m'étais perdue dans les générations interminables de personnages, dans les noms compliqués et j'ai du prendre en note plusieurs choses pour continuer à suivre le fil du récit. Mais j'avais été également totalement conquise par ce "réalisme magique" tant réputé chez G G Marquez, ce mélange de profond désespoir et de petits riens de la vie qui la rendent unique, belle, merveilleuse. Les pointes d'humour complètement surréalistes de Garcia Marquez sont, selon moi, les premières qualités de ses romans. Tout comme dans Cent ans de solitude, j'ai croisé dans L'amour au temps du choléra des situations loufoques, des morts insolites, des anecdotes poétiques dignes d'un Boris Vian. Et c'est ça qui fait la force de ce texte. 
J'ai été touchée par les histoires d'amour (oui, il y en a plusieurs) de ce roman, les questionnements sur la vie conjugale, les choix que l'on fait. L'amour au temps du choléra parle d'humanité, parle du coeur des hommes et de leur complexité. Par contre, je ne me suis pas attachée aux personnages. Fermina m'a agacée, j'ai trouvé Florentino assez déséquilibré et malsain dans les dernières pages. Seul le docteur Urbino échappe un peu à ce jugement sévère. Il est assez touchant ... sans non plus m'avoir totalement conquise. J'avais éprouvé le même sentiment à la lecture de Cent ans de solitude, Garcia Marquez ne cherche pas à nous faire aimer ses personnages. J'aime pourtant m'identifier à eux lorsque je lis, c'est essentiel pour moi. Mais chez G G Marquez, je ne sais pas pourquoi, ça ne m'embête pas outre mesure. Plus que l'histoire de trois personnages, G G Marquez traite de l'Homme. Et surtout, il nous fait plonger dans un univers. Je retiens surtout ça de ma lecture : la chaleur des Caraïbes, les rues de cette ville inconnue, le choléra et ses victimes, Florentino sur son banc, l'odeur d'une fleur, le son d'un violon.
Une belle lecture. Des pages à dévorer sous un soleil de plomb. Une lecture estivale.
100 dernières pages un peu longues, des personnages peu attachants, mais une écriture poétique, des traits d'humour totalement loufoques, des interrogations sur l'être humain et ses doutes, une atmosphère vivante, prenante, absorbante ... A découvrir! 


" Des questions insidieuses adressées à lui d’abord puis à sa mère suffirent au médecin pour constater une fois de plus que les symptômes de l’amour sont identiques à ceux du choléra. Il prescrit des infusions de fleurs de tilleul pour calmer ses nerfs et suggéra un changement d’air afin qu’il pût trouver un réconfort dans la distance, mais ce à quoi aspirait Florentino Ariza était tout le contraire : Jouir de son martyre. Transito Ariza était une quarteronne libre, avec un instinct de bonheur gâché par la pauvreté, et elle se complaisait dans les souffrances de son fils comme si elles eussent été siennes. Elle lui disait boire des infusions lorsqu’elle le sentait délirer et l’enveloppait dans des couvertures de laine pour l’empêcher de trembler en même temps qu’elle l’encourageait à se délecter de sa prostration. « Profite de ce que tu es jeune pour souffrir autant que tu peux, lui disait-elle, ça ne durera pas toute la vie.» "
(L'amour au temps du choléra, GG Marquez, Livre de poche, 2010)


(Source image : charles-sillem. encore-editions.com)

2 commentaires:

Eimelle a dit…

Je vais le noter, cette chronique m'attire! Bonne journée!

yuko a dit…

Jolie chronique. Ce livre fait partie de ma PAL, ton avis me donne très envie de le découvrir !