jeudi 22 août 2013

Et ben, Bonne Mère!

Jean de Florette
L'eau des collines tome 1
Marcel Pagnol

Editions de Fallois, 2005.

Au village des Bastides Blanches, on hait ceux de Crespin. C'est pourquoi lorsque Jean Cadoret, le Bossu, s'installe à la ferme des Romarins, on ne lui parle pas de la source cachée. Ce qui facilite les manœuvres des Soubevran, le Papet et son neveu Ugolin. qui veulent lui racheter son domaine à bas prix... Jean de Florette (1962), premier volume de L'Eau des collines, marque, trente ans après Pirouettes, le retour de Pagnol au roman. C'est l'épopée de l'eau nourricière sans laquelle rien n'est possible. Marcel Pagnol y développe l'histoire du père de Manon, évoquée sous forme de flash-back dans le filin Manon des sources (1952). Les dialogues sont savoureux, et la prose aussi limpide que dans les Souvenirs d'enfance. Quant au Papet et à Ugolin, à la fois drôles et terrifiants, ils sont parmi les créations les plus complexes de Pagnol.

Les films La gloire de mon père et Le château de ma mère ont bercé mon enfance. Une fois par an, comme un rituel, nous nous installions devant la télévision en famille pour regarder ces deux sublimes films tirés de Marcel Pagnol. J'aimais les paysages, l'accent, le chant des cigales et cette nostalgie, cet amour de l'enfance et de ses merveilles qui planaient tout le long des films. Je n'avais pourtant jamais ressenti le besoin, l'envie d'ouvrir un de ses textes. Jusqu'il y a quelques temps ... 
En ouvrant Jean de Florette, j'ai retrouvé un peu de tout ce qui faisait le charme des films. Le thème de l'enfance est peu présent, c'est un roman plus "adulte". Mais les sons, les musiques, les parfums étaient eux bien présents. Et c'est un régal!
En plus d'une envoûtante ambiance, d'un univers captivant, j'ai découvert une plume sensible, très drôle et fine. Marcel Pagnol aime les gens avec leurs faiblesses et leurs défauts, et ça se sent. Il se dégage de son écriture une simplicité, un naturel, un amour de l'être humain et de la nature totalement merveilleux.
L'histoire m'a touché. Jean de Florette m'a émue. J'ai cru en son rêve, même si je savais que c'était perdu d'avance. Le Papet m'a terrifié et Ugolin, intrigué. Jean de Florette nous offre des personnages plus complexes qu'ils n'y paraissent. Ce roman soulève, sous une apparente simplicité, de profonds questionnements. J'ai retrouvé un peu de ce qui me plaît tant dans Michel Tremblay. Des vrais sentiments, des histoires de Monsieur et Madame Tout-le-monde qui deviennent des amis, des proches, des petites tragédies sans sang ni meurtre. Jean de Florette nous rappelle les choses essentielles de la vie, telles que l'importance de la pluie, le travail bien fait, la confiance en soi, la douceur d'un rayon de soleil, le plaisir d'être en famille. 
Une très belle découverte. J'ai déjà commencé le tome 2 Manon des sources qui m'a l'air tout aussi délicieux avec, en prime, un côté un peu plus féminin que Jean de Florette et qui n'est pas pour me déplaire. 

" Tu comprends, s'ils avaient bu l'eau de la citerne, c'est sûr qu'ils seraient morts tous les trois, et moi ça m'aurait embêté. D'avoir bouché la source, c'est pas criminel : c'est pour les œillets. Mais si, à cause de ça, il y avait des morts, eh bien peut-être qu'après nous n'en parlerions pas, mais nous y penserions. "
(Jean de Florette, Marcel Pagnol, Editions de Fallois, 2005)


(Source image : art-figuration.blogspot.com)

4 commentaires:

Fleur a dit…

Je n'ai jamais lu Marcel Pagnol et il fait partie des auteurs que j'aimerais découvrir mais je ne sais pas par quel roman commencer...

Lilly a dit…

Lu il y a longtemps, je me souviens seulement de la fin, atroce...

Romanza a dit…

Fleur : Je te conseille celui là ;)

Lilly : Je cofirme

Romanza a dit…

* confirme