samedi 9 avril 2016

" L'histoire d'une luciole tombée dans l'eau sucrée. "

Hotaru
Le poids des secrets Tome 5
Aki Shimazaki

 Babel, 2009.

A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu'elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu'elle fut de le révéler à son mari. Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l'innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d'expérience, et leur destinée s'en trouve à jamais bouleversée.

C'est au rythme de la danse douce et lumineuse des lucioles que se termine Le poids des secrets. Avec toujours beaucoup de retenue et de simplicité, Aki Shimazaki conclut son histoire. En fermant ce dernier tome, certaines choses ne sont toujours pas dites. Elles resteront enfouies entre les pages. Dans Hotaru, Mariko, au seuil de la mort, parle à Tsubaki, sa petite fille. Nous revenons une nouvelle fois depuis le début sur cette histoire tragique. Cette fois, Mariko ose parler de ses sentiments. Elle écrit sur sa relation avec Monsieur Horibe. Cet homme qui apparaissait avec classe et élégance dans les premières pages de la pentalogie montre ici son vrai visage. Derrière ses sourires, sa culture, sa politesse se cache un homme profondément égoïste, ne cherchant que sa jouissance et son bonheur. Mariko subira son despotisme jusqu'au jour où, près d'une rivière, elle entendra deux enfants parler de "lucioles tombée dans l'eau sucrée". Elle décidera de prendre son avenir en main. Quelqu'un d'autre s'en chargera finalement pour elle.
Le poids des secrets est une saga familiale très belle et atypique. Nous ne sommes pas plongés durant des pages entières au sein d'une famille au point d'être littéralement absorbés dans un autre univers. Ce n'est pas une lecture immersion. Le nombre de page réduit (110 pages environ pour chaque volume), l'écriture d'une simplicité presque enfantine et la réserve permanente des personnages rend cette série particulière et unique. On ne rentre pas dans le monde d'Aki Shimazaki, mais on l'écoute.
Le poids des secrets est une lecture intime, intérieure. J'ai été parfois décontenancée par l'écriture, mais l'émotion prend toujours le dessus. Une histoire émouvante, de belles images, des scènes pures et délicates, une série à découvrir
" J'ai appris quelque part, dans un livre scientifique, qu'il y a des lucioles qui clignotent à l'unisson, et même à un certain rythme. C'est comme un orchestre sans chef. Cette synchronisation était un mystère jusqu'à récemment, les gens pensaient qu'elle se produisait accidentellement. En fait, d'après le livre, le mécanisme de ce phénomène est simple : chaque insecte comporte un oscillateur, comme un métronome, dont le minutage s'ajuste automatiquement en réponse aux flashes des autres.Je crois qu'il n'y a peut-être pas de coïncidences dans ce monde. Il doit y avoir un rapport entre les phénomènes qui arrivent en même temps"(Hotaru, Aki Shimazaki, Babel, 2009, p 127)
(Source image : svtcolin)

1 commentaire:

Lou a dit…

Tu donnes envie de faire comme toi et de lire les cinq tomes à la suite pour bien garder en mémoire les subtilités des tomes précédents à chaque nouvelle lecture. En te lisant j'ai sorti de ma PAL un court roman japonais reçu pour mon anniversaire, "Sortie parc, gare d'Ueno", également publié chez Actes sud.