mardi 21 mars 2017

Mal aimée, je suis la mal aimée

La troisième Miss Symons
Flora M Mayor

Editions Joëlle Losfeld, 2009.

" Pourquoi est-ce que les gens ne m'aiment pas? " se demande Henrietta. Vilain petit canard d'une famille victorienne de sept enfants, dont elle est la troisième fille, Henrietta ne possède ni la beauté ni l'art de se faire aimer par les autres. Différente de ses frères et sœurs, elle ne s'entend pas avec eux. Elle trouve alors refuge dans un monde imaginaire, ce qui exacerbe son mauvais caractère et l'exclut un peu plus en éloignant d'elle les personnes qu'elle affectionne. Plus tard, alors que ses frères et sœurs sont mariés et ont des enfants, Henrietta va arpenter le monde en quête de quelque chose pour combler son manque affectif. Quel sera alors le destin de cette jeune fille dans une société où les femmes n'ont d'autre porte de sortie que le mariage et la maternité ? 
Avec ironie et un sens étonnamment moderne du récit, Flora M. Mayor scrute ce qui fait la réussite ou l'échec d'une vie, entre le poids des circonstances extérieures et la part de la responsabilité individuelle.

Enfin, j'ai pu profiter d'instants "lecture"! Quel bonheur de pouvoir de nouveau me lover entre les pages d'un roman. La troisième miss Symons n'est pas le roman du siècle, mais j'ai pu, tout en douceur, retrouver le plaisir de lire.  
Flora M. Mayor nous livre une histoire assez cruelle. Celle de Henrietta, troisième fille de la famille Symons. Cette dernière n'a pas grand chose pour elle, elle n'est ni belle, ni aimable, ni intéressante. Ses parents ne s'intéressent pas à elle et Henrietta finit par devenir une jeune femme aigrie et désagréable. Autant dire que ce personnage principal est particulièrement antipathique. Même si on ne peut s'empêcher de la plaindre et de la prendre en pitié, le caractère de Henrietta est si détestable que je n'ai pu, pour ma part, l'apprécier. 
J'ai apprécié cette intrigue originale et le ton ironique de l'auteure. J'ai lu avec plaisir ce court roman. Cependant, je l'ai trouvé assez simpliste. La troisième miss Symons est superficiel au final. Flora M. Mayor ne fait que nous relater des faits sans vraiment donner vie à son histoire. Ce qui est bien dommage car l'intrigue est plutôt bien pensée. J'aurai aimé, sur un tel thème, de nombreuses pages, une analyse plus poussée et des personnages plus vivants. Ceci dit, ce court roman reste un bon divertissement. 
A découvrir si on a besoin de lire quelque chose de facile et de rapide. 
" Si elle n'était pas très exigeante vis-à-vis de son bonheur ou d'elle-même, le reste du monde non plus, estimait-elle.Non qu'elle songeât beaucoup à ces choses-là. Trop de ruminations et de désirs l'avaient rendue malheureuse autrefois, et elle répugnait à rouvrir toutes ses blessures.Elle affrontait les faits aussi peu que possible. Elle vivait au jour le jour, et ce qu'elle était véritablement n'était pas franchement différent de ce qu'elle semblait être, absorbée dans le minuscule tourbillon des événements qui la concernaient;Les jours, les mois, les années passaient. Elle les voyait partir sans regrets, n'en conservant aucun souvenir. Rien n'était arrivé, de bon ou de mauvais, pour laisser une trace."(La troisième miss Symons, Flora M Mayor, Joëlle Losfeld,2009)
(Romanza2017)

dimanche 12 mars 2017

Vous avez dit "illuminée"?




Depuis toujours les livres font partis de ma vie. Avant même de savoir lire. Dès que j'ai enfin pu déchiffrer ces mots qui m'attiraient tant, je n'ai pas passé un jour de ma vie sans lire. Rituel du soir avant de dormir, moment de tranquillité dans la journée, lectures de vacances, lectures d'école, ... J'ai autant de souvenirs littéraires que de souvenirs réels. 
Je ne savais pas ce que c'était de ne pas avoir de "roman en cours". J'avais toujours un roman entamé. 
Jusqu'à maintenant. 


Voilà plus d'un mois que je n'ai pas lu une seule page de roman. Je savais que ça serait difficile, je connaissais ma passion pour les livres. Mais honnêtement, je n'aurai pas pensé que ça devienne si douloureux. 
Pour les non-lecteurs, je passe sûrement pour une illuminée, la membre d'une secte secrète. C'est difficile d'en parler autour de soi. Les gens qui comprennent ne sont pas nombreux. Alors, je me tais. 
J'ai toujours eu un roman près de moi, une histoire à savourer, des personnages auxquels penser, la promesse d'un moment douillet le soir après la journée de travail. Ça fait parti de moi, c'est ce que je suis. Même dans des périodes intenses de travail, même après avoir mis mes enfants au monde, j'ai toujours lu, je n'ai jamais cessé. J'ai ralenti, j'ai adapté mes moments et mes façons de lire, mais je n'ai jamais cessé.  J'entends tellement de gens autour de moi me dire : " J'aimerai tant lire, mais je n'ai pas le temps. Je ne lis plus depuis la naissance de mes enfants, etc ... ". Pour moi, tout est une question de priorité. J'ai toujours trouvé le temps de lire, parce que c'est une de mes priorités. En ce moment, ma priorité est la réussite au concours, alors la lecture est mise de côté. C'est tout.

J'ai été donc obligée de laisser mes romans depuis 1 mois. Au début, je me suis faite à l'idée. Après tout, je lisais quand même. Des ouvrages d'art ou de didactique, certes, mais je lisais. Puis, doucement, j'ai senti un manque. Ce n'est pas que de mots et de lecture dont j'ai besoin, c'est aussi de romanesque, d'histoires contées au creux de l'oreille, de personnages vivants et d'émotions. 
Je me suis rendue compte, même si je l'avais toujours su, à quel point la lecture était une passion. Celle qui est douloureuse quand elle n'est pas là, celle qui réconforte, à laquelle on pense, on rêve. 
Depuis, plusieurs jours, ma main se tend vers mes chers romans et je leur dis à quel point j'ai hâte de les retrouver. 
Je rêve de plaid, de thés, de pages dévorées, de balades en librairie. 


Alors, oui, je suis une illuminée. Mais je suis tellement fière de l'être. J'ai toujours plaint les gens qui ne lisent pas. Je ne les juge pas, mais je les plains. Ils ne connaissent pas cette richesse, ces émotions, ce réconfort, ce partage qu'apporte la lecture. 

De mon côté, ça y est, dans quelques jours je vais pouvoir mettre de côté mes ouvrages théoriques pour m'accorder des moments "romans". Enfin! 

(photos : Romanza2017)