jeudi 2 novembre 2017

Dieu, quel audace!

Les boucanières
Edith Wharton



« Elles incarnaient “la jeune fille américaine”, ce que le monde avait réussi de plus parfait » : pour Mrs St. George, ces cinq jeunes filles fraîchement débarquées à Londres sont un ravissement… Mais pour le petit monde étroit de l’aristocratie anglaise, leur pedigree laisse à désirer, et leurs ambitions paraissent bien vulgaires ? et puis quelle idée de fumer et de s’exhiber ainsi sans vergogne ? Les « boucanières » n’en ont cure : à elles la belle vie, les bons plaisirs et les beaux partis!

C'est avec un réel bonheur que j'ai ouvert un nouveau roman de ma chère Edith Wharton. Il s'agit de sa dernière oeuvre. Elle n'a d'ailleurs jamais achevé cette histoire. Elle est ici complétée, grâce aux notes laissées par Edith Wharton, par  Marion Mainwaring. J'ai pris un plaisir infini à lire ce roman.
Les boucanières voit évoluer plusieurs personnages féminins, jeunes et pleins de vie. L’obsession de leur entourage est de leur trouver un mari. Certaines d'entre elles se plient à cette volonté et participent activement à la recherche. Annabelle, elle, est la plus naturelle, la plus dénuée d'ambition. C'est un personnage que j'ai énormément aimé. Edith Wharton a créé des personnages vivants, légers, virevoltants. Moins sombre que d'autres romans de l'auteure, Les boucanières restent cependant une critique virulente des sociétés puritaines américaines et anglaises. Si les jeunes filles américaines semblent plus simples que les anglais, sous le vernis, il y a beaucoup de calcul, d'ambition et d'intérêt. Je suis à genoux devant Edith Wharton et la façon dont elle tisse l’ambiance de ses romans. J'aime ses dialogues, ses silences, ses non-dits, ses critiques fines et ses analyses pointues. 
Je ne suis pas capable, en toute honnêteté de repérer le moment précis où Marion Mainwaring prend le relais d'Edith Wharton. L'histoire se tient du début jusqu'à la fin. En reprenant les notes de l'auteure, elle a repris son intrigue, ses personnages, son dénouement. Ceci dit, je reconnais un changement de qualité d'écriture. C'est très discret et ne gêne en rien la lecture de ce texte sublime. Mais la finesse de Wharton est moins présente dans les 100 dernières pages. 
Edith Wharton est une grande auteure. Ses romans sont passionnants et offrent un sublime mélange d'intelligence et de romanesque. Les boucanières est mon 6ème roman de l'auteure et je compte bien lire l'intégralité de son oeuvre. 
"[...]la plus grande erreur, c'est de croire que nous savons toujours pour quelle raison nous agissons...Sans doute le maximum que nous puissions savoir consiste-t-il dans ce que les vieilles gens appellent "l'expérience". Mais celui ou celle qui l'acquiert n'est plus la personne qui a accompli des actes incompréhensibles. Je suppose que tout le problème vient de ce que nous changeons à chaque instant alors que nos actions, elles, demeurent."(Les boucanières, Edith Wharton, Points, 2010)
(Photos : Romanza2017)

2 commentaires:

Dominique a dit…

je me souviens de ma première lecture de ce roman, depuis euh je l'ai lu 2 ou 3 fois, mes trois filles l'ont lu et tout le monde avec plaisir
C'est un bon roman, simplement si on veut le comparer à un roman totalement d'Edith Wharton je dirais que peut être la fin est un rien trop optimiste, Wharton est un peu plus noire pour la chute de ses romans mais c'est une remarque et non pas une critique car ce roman est réjouissant

Lilly a dit…

J'adore ce roman, et je suis contente qu'il finisse à peu près bien. L'adaptation BBC est très bonne également, mais ils ont fait une histoire plus sombre si je me souviens bien.