mercredi 13 juin 2012

" Véda me prouve que les crocodiles ont raison de manger leurs enfants à la naissance ... "

Mildred Pierce

Film américain de Michael Curtiz (1945) avec Joan Crawford.


La version cinématographique de Mildred Pierce instille habilement les codes du film noir dans l'univers familial du mélodrame. Joan Crawford y campe un personnage magnifique de mère tragique, victime de la cruauté de sa propre fille. L'oscar qu'elle remporta pour ce rôle permit de relancer la carrière de cette légende d'Hollywood auquel plus personne alors ne croyait.
(Tiré de l'édition Imaginaire Gallimard (roman + DVD)



De grandes libertés par rapport au roman ont été prises dans cette adaptation. L'histoire a en effet été extrêmement modifiées mais Michael Curtiz a gardé la profondeur et la noirceur du roman de James M. Cain ce qui rend ce film touchant, sombre et bouleversant malgré tout.


Outre le charme des films d'époque, du noir et blanc et de la VO, j'ai passé un peu plus d'une heure et demi agréable et j'ai pu prolonger quelques instants l’envoûtement du roman de James M. Cain. 
Les libertés prises par le réalisateur modifient de façon certaine l'histoire originale (j'ai été triste de ne pas retrouver plusieurs scènes particulièrement sublimes du roman) mais Michael Curtiz n'a pas touché à la noirceur de cette histoire. Réalisé comme un film policier (de façon assez hitchcockienne j'ai trouvé), ce film retrace merveilleusement bien l'univers du roman. Je n'ai pas eu la sensation de relire le livre en voyant le film (trop de différences) mais bel et bien de voir une histoire tout aussi noire et perturbante. 
Le personnage de Mildred Pierce est joué de façon très juste par Joan Crawford. Ses yeux extrêmement parlant nous livre toutes ses émotions, ses rages, ses déceptions. 
Monty est quant à lui assez fade par rapport au roman. Je l'imaginais avec davantage de prestance et de classe. Le caractère de son personnage a été quelque peu modifié et, pour le coup, j'ai trouvé ça dommage. Le Monty de James M. Cain est plus profond et complexe. Celui de Curtiz n'est qu'un dandy qui ne sait pas vraiment ce qu'il veut. 
J'ai beaucoup aimé Bert dans le roman. Chez Curtiz, il est assez absent et c'est bien dommage car c'est un être sensible. Dans la première scène, par a priori, on décide de ne pas l'aimer et de le mettre de côté. Il nous revient quelques pages plus loin très émouvant et bon. Dans l'adaptation, il paraît froid et distant. Je trouve que Curtiz est passé à côté de ce personnage
Véda, elle, a été très assagie. Où sont passés ses longues tirades immondes qui m'ont soulevée le coeur  durant la lecture du roman? La fin du film nous la rend pitoyable alors que le dénouement du roman nous la montre majestueusement perverse. Par contre, le visage de poupée diabolique de l'actrice est très juste et saisissant. 
La fait d'ajouter un crime réel à l'histoire ne m'a pas gênée bien que je préfère amplement les crimes silencieux et détournés du roman. Le livre est plus subtil, plus humain, plus profond
En bref, il est vrai que ce film n'a pas grand chose à voir avec le roman mais il est juste et très bien joué. C'est un beau film possédant des qualités certaines. Joan Crawford y est merveilleusement émouvante. Un beau moment! 
Je pense que l'adaptation récente avec Kate Winslet et beaucoup plus fidèle. Les bandes-annonces montrent plusieurs scènes du roman que l'adaptation de 1945 n'évoque même pas ...  Le format aidant! 
Un film à découvrir mais surtout un roman à lire absolument!


(Sources images : briandriveintheater.com ; filimadami.com ; hollywoodfashionvault.com ; livingcinema.com ; mildredpierce.alfgt.com)

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