lundi 2 septembre 2013

Fée des eaux

Manon des sources
L'eau des collines Tome 2
Marcel Pagnol



Editions de Fallois, 2005.


Après la mort du Bossu et la vente des Romarins, Manon et sa mère s'installent dans la grotte de Baptistine. Quelques années plus tard, Manon trouve l'occasion de se venger...

Pagnol s'est souvent adapté lui-même, passant aisément du théâtre au cinéma. Ici, il fait le chemin inverse, et adapte un film en roman : Manon des sources (1963), deuxième partie de L'Eau des collines, est la " mise en roman " du film éponyme, tourné dix ans plus tôt. On en retrouve tous les personnages, et on est émerveillé de voir que les dialogues, qui sont souvent, mot à mot, les mêmes, " s'entendent " aussi bien sur la page que sur l'écran. Manon des sources sera une sorte de testament : Pagnol ne réalisera jamais Jean de Florette et n'écrira plus de fiction.


Jean de Florette m'avait envoûtée et séduite. 
Manon des sources m'a complètement absorbée. 
J'ai embarqué passionnément dans cette histoire. Son côté plus "féminin" que Jean de Florette a fait que je me suis davantage projetée dans l'histoire. J'étais Manon la sauvage, effrayée par les hommes et marchant pieds nus dans la garrigue. 
Toujours ces sensations magiques, ces paysages, ces sons et ces senteurs. Un véritable voyage. Et que de rebondissements! Autant Jean de Florette est surtout, pour moi, un roman à ambiance (bien qu'il s'agisse également d'un drame véritable), Manon des sources, lui, n'a rien à envier aux histoires romanesques : complots, mensonges, morts, secrets de famille, folie, ... Un récit passionnant et captivant. J'ai souvent retenu mon souffle. 
J'ai trouvé parfois la jeune Manon bien cruelle. Certes, elle a des excuses. Mais intérieurement, j'avais envie de lui dire d'arrêter de détester les habitants du village. Ugolin, tout comme dans Jean de Florette, m'a fait pitié. Je n'arrive pas à le haïr. C'est un être complexe. Et le Papet. Cette ombre, cet aigle. Je l'ai enfin compris. Je lui ai pardonné. Il n'y a pas réellement de méchants dans cette histoire. Des gens rancuniers, butés, obstinés. Oui. Mais Marcel Pagnol nous présente un petit village rempli d'Hommes avec leurs chagrins et leurs joies, leurs erreurs et leurs moments de gloire. 
Et puis, il y a cette écriture. Ce style sublime qui nous fait passer d'un fou rire à une larme. Ce que j'aime tant chez Dumas ou Dickens, je l'ai retrouvé chez Marcel Pagnol. J'ai souri parfois, ri très souvent et j'ai aussi eu le cœur gros, plein de chagrin et de pitié à d'autres moments. 
C'est une lecture cocon, douillette, une lecture dans laquelle on se sent bien. C'est beau, poétique, profondément humain, drôle et émouvant. Je ne regrette pas d'avoir décidé cette année de découvrir (enfin) Marcel Pagnol. C'est un GRAND écrivain que je viens de rencontrer. Une plume unique. Et je compte bien la relire encore et encore. Un régal! 

" Le murmure était plus fort, c'était une chanson tintante et cristalline... Elle s'arrêta, éleva la petite flamme au-dessus de sa tête, et vit sur le sol danser une étoile : comme elle se penchait, un visage monta vers elle, et c'était le sien. "
(Manon des sources, Marcel Pagnol, Fallois, 2005)


(Source image : sophiedethieulloy.blogspot.com)

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